
Ce début d'année est un peu curieux. Je me surprends à tenir des résolutions... que je n'ai même pas prises (et ce n'est pas mon genre). Par exemple, laisser la vraie vie reprendre le dessus. Sur le blog, sur la thèse. Aller voir un peu ce qui se passe dehors. Pour autant, le quotidien reste le même et se résume en trois lettres : BNF.
Parmi toutes ces heures passées en salle de lecture, certaines sont un peu plus paresseuses que d'autres. Parfois, en levant les yeux de son écran d'ordinateur, on ne peut s'empêcher d'observer en détail ses voisins, ses voisines surtout : tenue vestimentaire, coiffure, affaires de travail, ordinateur utilisé, organisation de l'espace de travail (le mien, ordonné au centimètre près, révèle sans doute ma maniaquerie), etc. Il y a une semaine, je me suis demandée qui était cette fille si jolie, assise deux rangées plus loin... Avec son visage enfantin aux traits métissés (eurasienne peut-être ?), sa coupe de cheveux "boule" et ses courtes mèches plaquées sur le côté, je lui trouve un charme indéfinissable. Tout me plaît en elle, et chaque fois que je la vois, je me dis que j'aimerais lui ressembler...
Dans les allées et les couloirs, on voit défiler toutes sortes de spécimens bizarres. Le vieux croulant avec ses lunettes de chimiste jaunes fluo (une fois, il a failli s'étaler de tout son long en trébuchant sur une marche), la foldingue qui rit toute seule, la chieuse qui s'offusque parce qu'on lui refuse un document alors qu'elle en a déjà une bonne vingtaine entassés sur son bureau, l'inquiétante "silhouette giacomettienne" (la grâce en moins) à qui on offrirait volontiers un morceau de kouign amann, question de survie ; sans parler de ceux qui ne se lavent pas ou qui vident leur flacon de parfum sur eux. Parfois, on aperçoit aussi des ex-futures premières dames au milieu de toute cette faune.
En fin d'après-midi, alors que l'obscurité s'installe, un spectacle retient souvent mon attention : le bal des oiseaux au-dessus de la "forêt". J'observe avec fascination ces nuées d'étourneaux (ou moineaux ?) virevoltants, mais sans comprendre la signification de leurs mystérieuses chorégraphies.
Et puis, au milieu des divagations, il y a ce souvenir persistant : celui d'un visage.
A Helsinki, cela ne m'avait pas tant frappée. Cet été-là, en visitant l'Ateneum, j'avais remarqué les tableaux de Helene Schjerfbeck, ses autoportraits si singuliers. Mais leur force était, semble-t-il, diluée dans le reste de la collection permanente du musée (qui n'était pas sans intérêt, au contraire, j'avais beaucoup aimé certaines oeuvres de Hugo Simberg). A l'époque, je n'avais pas compris.
Il y a quelques semaines, quand j'ai pénétré dans la dernière salle de l'exposition consacrée à Helene S., la salle des autoportraits, j'ai été submergée par la force, la violence de ces visages (parfois simples taches de couleur elliptiques) déformés, grimaçants, qui disent la douleur, la vieillesse, la mort qui rôde. En levant la tête, j'ai aperçu cette phrase inscrite à l'entrée de la salle : "Ma vie est une tempête, c'est une chose que personne ne croira".
Et je n'ai pas su retenir mes larmes. Eva avait raison : on n'en ressort pas indemne.
Certains s'inquiéteront à la lecture de ce billet... Mais oui, je travaille aussi. Et pour ça, j'ai un carburant formidable : mes paniers repas.
J'ai remarqué qu'en l'espace de quelques mois, le bento était devenu furieusement tendance. Ca m'embête un peu, parce que maintenant, plus personne ne me croira si je dis que je suis plouc (en plus, je découvre que les baies de Goji, que ma maman me fait manger depuis... ben je ne sais plus, ça fait tellement longtemps... bref, je découvre que les baies de Goji aussi sont ultra-tendance, donc en fait, on peut être à la pointe de la mode sans le savoir - pour les foodistas qui ne veulent absolument pas passer à côté de ce produit hype, on en trouve facilement dans les supermarchés asiatiques, inutile de chercher sur internet). De toute façon, mes paniers repas ne sont pas des bento à proprement parler. Il leur manque une composante importante je crois : les petites fioritures kawaii, très mimi, mais dont la préparation est beaucoup trop chronophage à mes yeux. Or, le panier repas doit rester pratique avant tout...
Lentilles vertes, saucisse, carottes
Gaufrette rapportée d'Italie
Gâteau marbré choco-vanille
Orange
Thé vert aux sept agrumes
Poulet aux champignons (de ma maman)
Riz japonais
Clémentines
Gâteau rapporté d'Italie
Thé vert aux sept agrumes
Salade tiède de pommes de terre rôties
Salade d'aubergines ; carottes râpées, graines de tournesol
Pomelo chinois
Compote de pommes
Lebkuchen
Bouchée de frangipane aux éclats d'amandes
Thé vert Longjing
Jambon, beurre (baguette Monge : pas sur la photo)
Carottes râpées ; ?
Clémentines
Yaourt + confiture de framboises
Weihnachtskekse
Thé vert Longjing
Pousses de petits pois ; boulette "tête de lion" (de mon papa ; spécialité de Yangzhou)
Riz japonais
Clémentines
Berawecka
Butterballs
Thé Montagne Bleue
Torsettes, tomates confites, mozzarella
Sandwich au foie gras :-)
Pomme, clémentine
Mandelbärli
Sablés aux gouttes de chocolat de Michel et Augustin
Thé Montagne Bleue
Sandwiches jambon-beurre et concombre-fromage frais
Yaourt + sirop d'agave + poire
Clémentines
Chocolat noir praliné fondant Côte d'Or
Thé Montagne Bleue
Riz sauté
Kiwi, clémentine
Galette des rois
Café, Evian
Ebly (cuit au bouillon)
Légumes (idem)
Yaourt + sirop d'agave + mangue
Mandelbärli
Chocolat noir praliné fondant Côte d'Or
Clémentine
Thé Montagne Bleue
Carottes et lotus au vinaigre (de ma maman)
Inarizushi
Clémentine
Banane
Yokan (pâte de haricots rouges)
Thé vert Longjing
Et même avec ça, on n'est pas sûr de résister aux bourrasques qui balaient l'esplanade de la BNF les jours de tempête...