dimanche 25 octobre 2009

Le repas magique, le pays de l'outrenoir et l'agneau d'anniversaire



Quelques heures avant de me vautrer en toute beauté sur le tapis roulant mécanique d'une grande enseigne de bricolage et de me détruire le pied gauche le jour même de mon anniversaire (tout ça parce que j'ai voulu descendre trop vite - mais heureusement, mes babies vernies sont intactes), il y eut un repas somptueux chez Azabu, en galante compagnie. Le service fut empreint d'une telle délicatesse que l'on se serait cru au Japon, le temps d'un repas. J'ai choisi un menu Obento, délicieux et raffiné.
Ca ressemblait à ça :



(Le dessin, c'est fantastique : ça vous permet de faire en 450 heures ce que vous pouvez obtenir en 0,05 secondes avec un appareil photo)

Un autre jour, malgré mon pied encore douloureux, je suis allée au pays de l'outrenoir.
D'abord, le gris du ciel et cette vue magique sur les toits de Paris.
Puis, les grandes toiles noires, d'où surgissent parfois un filet de lumière, un pan de couleur. Textures, contrastes, mouvements de pinceau...
J'ai beaucoup aimé l'utilisation du brou de noix, ainsi que l'idée d'un artiste qui se sert des mêmes outils que les peintres en bâtiment.



A deux pas du Centre Pompidou, devant une boutique qui vend de chouettes affiches de cinéma, j'aurais bien aimé engager la conversation avec un couple de Finlandais qui étaient en train de feuilleter des affiches sur un présentoir, mais bon, si c'était pour leur dire "En puhu suomea" (= "je ne parle pas le finnois"), j'ai pensé qu'il valait mieux s'abstenir finalement.

Pour les deux repas d'anniversaire à la maison (respectivement huit, et six personnes), j'ai servi des tatins d'oignons (mais avec des lardons à la place de la ventrèche), un osso buco (qui était encore meilleur deux jours après), un Pleyel avec de la glace vanille, un rogan josh parfumé et crémeux (moi aussi, j'ai fait un agneau d'anniversaire), et un gâteau au citron raté (on avait l'impression de manger de l'éponge).
En passant, j'ai mis tout le lundi à me remettre de ces presque dix heures passées en cuisine pendant le week-end.





L'osso buco, c'est une valeur sûre pour ce genre d'occasion : un plat délicieux qui a l'avantage de se préparer à l'avance et d'être encore meilleur réchauffé. On peut dire la même chose du rogan josh (merci Patoumi !).

Kashmiri rogan josh (recette trouvée chez Patoumi)



650 g d'épaule d'agneau coupée en (gros) cubes
1 gros oignon haché
4 échalotes hachées
3 gousses d'ail écrasées
5 grosses c.s. de pulpe de tomates
330 ml de lait ribot/fermenté
5 c.s. de crème fraîche
1 cube de bouillon de légumes bio
500 ml d'eau

Pour la pâte d'épices :
un gros pouce de gingembre râpé
1 c.s. de poivre blanc et noir moulu
1,5 c.c. de garam massala
2 c.c de cumin moulu
1,5 c.c. de cardamome verte moulue
1 c.c. de graines de pavot
2 c.c. de coriandre moulue
1 c.c. de curcuma
1/3 c.c. de macis moulu
1/2 c.c. de piment de cayenne
1 piment rouge haché

Préparer une pâte en mélangeant toutes les épices dans un mortier et en ajoutant un peu d'eau et de sel. Laisser reposer.
Faire dorer l'agneau dans de l'huile.
Reserver au chaud, jeter l'excédent d'huile et faire revenir dans la même cocotte l'oignon, l'ail et les échalotes. Les faire légèrement brunir avant d'ajouter la pulpe de tomate et la moitié de la pâte d'épices. Bien mélanger, laisser cuire un peu et ajouter environ 400 ml de bouillon préparé en diluant le cube dans de l'eau chaude. Couvrir et laisser mijoter environ dix minutes.
Ajouter alors les cubes d'agneau, puis le lait ribot et la crème fraîche.
Faire cuire à feu très doux pendant quatre heures en surveillant bien que le fond n'attache pas. Rajouter du bouillon si besoin, et (le reste) de la pâte d'épices si l'ensemble ne vous paraît pas assez relevé.
Servir avec du riz basmati et un peu de coriandre ciselée si vous aimez (j'ai aussi servi des rondelles de courgettes grillées avec, c'était très bien).

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N.B. : Depuis, il y a eu un rendez-vous chez mon kiné/ostéo (diagnostic : "petite déchirure") et un massage au Nifluril qui m'a un peu remise d'aplomb :-)

mardi 13 octobre 2009

Fin septembre, début octobre (biscuits au sésame noir & haricots rouges)



Hier matin, j'ai capitulé face à la fraîcheur automnale : je me suis résolue à enfiler un collant alors que je persistais à aller jambes nues jusqu'alors. L'automne est bien là, il va falloir s'y faire et ranger pour de bon robes d'été et jupes légères.

Ces derniers temps, en vrac : j'ai pleuré telle un robinet ouvert au mariage d'une jeune cousine, achevé la lecture de mon deuxième livre de littérature japonaise (presque dix ans après Hôtel Iris, de Yôko Ogawa), eu le plus beau compliment qui soit sur mon gâteau au chocolat idéal, rêvé de pièces sonnantes et trébuchantes sortant d'une machine en si grande quantité que mes deux mains ne suffisaient pas à les emporter ("C'est parce que t'es fauchée que tu rêves de ça !", dixit mon poulet ; il n'a sans doute pas tort...), fait gondoler le couvercle en bois de ma nouvelle tasse en la laissant tremper dans l'eau (c'est ballot... mais heureusement, il a presque repris sa forme initiale).

J'ai aussi essayé de tenir cette promesse faite à moi-même d'utiliser mes crayons régulièrement. Bien sûr, ces gribouillages n'engagent que moi, je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas ; pourtant, je suis étonnée de constater à quel point le dessin permet d'affûter le regard, combien il oblige à tout bien regarder en détail. C'est un moyen insoupçonné de voir, d'appréhender, et de s'approprier les choses. Infiniment plus que la photo, en fait.





On m'a fait remarquer que je dessinais presque uniquement du manger...
Ah oui, c'est vrai. Il s'agirait de varier un peu et d'apprendre à dessiner les gens un de ces jours. Et aussi des choses plus intéressantes que des pots de glace ou des yakitori (si bons soient-ils). Bref.

Ces derniers temps, j'ai délaissé les gâteaux pour les plats mijotés. J'ai eu bien plus de plaisir à défaire les petits paquets de mon boucher qu'à manier la maryse ou la poche à douille. Par exemple, l'autre jour, je nous ai concocté un curry d'agneau bien parfumé (et qui, en passant, m'a débouché les fosses nasales en un temps record et un peu tordu l'estomac tant il était relevé - qu'on se le dise, ce n'était point un curry pour fillettes). Nous nous sommes aussi régalés de belles et épaisses tranches de rumsteak saignantes comme il faut, accompagnées de frites XL (petit plaisir honteux et inavouable : ce sont des frites Picard, et elles se défendent très bien ; parce que la friture soulève de terribles angoisses chez moi, et c'est encore pire depuis que je suis tombée par hasard sur cet épisode de Spooks où une héroïne se fait frire la main et la tête par des méchants, épisode qui a d'ailleurs provoqué de vives réactions chez les téléspectateurs outre-Manche... Bref, les frites Picard à réchauffer au four sont très bien pour les phobiques de la friture). Et puis, comme papa Mango est rentré de voyage, nous avons eu droit à son mapo doufu, toujours aussi divin (en parlant de papa Mango, il faudrait que je lui demande un cours de jiaozi un de ces jours).

Ce qui m'a donné envie de rallumer mon four, c'est le souvenir de ces biscuits, offerts par une fille exquise, au tout début de l'été. Et l'idée de les associer à de la purée de haricots rouges. Il faut croire que le mois d'octobre provoque toujours la même envie de biscuits fourrés chez moi : il y a un an, c'étaient des sablés fourrés au chocolat...


Biscuits sésame noir & haricots rouges (d'après les biscuits au sésame noir des Chéchés)



pour 16 biscuits environ (tout dépend de la taille)

50 g de farine de seigle
40 g d'amandes en poudre
40 g de flocons d'avoine
40 g de sucre blond de canne (initialement : 30 g)
1 c.s. de graines de sésame noir
2 c.s. de purée d'amandes
2-3 c.s. de lait (de soja ou autre lait végétal ; ou lait de vache)
un peu de hong dou sha (purée de haricots rouges azuki), maison ou non

Préchauffer le four à 180 °C.
Dans un saladier, mélanger la farine, les amandes, les flocons d'avoine, le sucre et le sésame.
Ajouter la purée d'amandes et le lait et mélanger pour former une boule compacte.
Prélever de petits morceaux de pâte, former des boulettes et les aplatir finement sur un plan de travail fariné.
Sur la moitié des disques de pâte, déposer une c.c. de purée de haricots rouges.



Recouvrir avec les disques restants, et bien souder les bords.
Enfourner environ 15 min, jusqu'à ce que les bords soient dorés (10 min pour des biscuits nature).
Il est possible que les biscuits fourrés se fissurent légèrement à la cuisson, ce qui n'enlève cependant rien au goût.
Laisser refroidir. Puis grignoter sans culpabilité, avec un verre de lait de soja par exemple, si vous avez ouvert une brique pour la recette.

Je précise que ces biscuits fourrés sont plutôt moelleux.



Si vous préférez des biscuits plus croquants, la version nature vous plaira certainement. Elle est terriblement addictive, pour vous dire la vérité.



N.B. : Au fait, si quelqu'un a du travail - bien payé - à me proposer, je suis preneuse. Je suis propre, sage et bien élevée, et je sais aussi faire des gâteaux.