dimanche 26 août 2007

Violently Happy (et pot explosif au chocolat)



Cinq jours avec la famille Crevette, dans leur maison de campagne.

Ce fut bref, mais intense.



Des visites, des repas sur la terrasse, la cuisine généreuse de maman et papa Crevette, la saveur incomparable de magrets cuits dans l'âtre, une partie de Trivial Pursuit où nous apprîmes, entre autres choses, que Stanley Kubrick avait tourné Les parapluies de Cherbourg après 2001, Odyssée de l'espace, une météo capricieuse, des parties de raquette à la plage pour se réchauffer avant une baignade dans une mer à 17 °C, des overdoses de chouchous, des cocktails de fruits gigantesques après la plage, une dégustation de zezettes sur le marché de Saint-Chinian (au bord du Vernazobre), un repas exquis à la Raffinerie à Béziers, des discussions - dont une jusqu'au bout de la nuit avec Crevette, en chuchotant comme des gamines -, des fous rires, beaucoup.

Et le concert de Björk à Nîmes.



Sa musique est entrée dans ma vie il y a dix ans, et ne m'a plus quittée depuis.

Se promener dans les ruelles de Nîmes au son de sa voix au moment des répétitions, être accueillie par un arc-en-ciel en arrivant aux arènes, se lancer dans d'interminables olas, entendre sa voix nue clamer au milieu des arènes "I love him, I love him, I love him, I love him" (Pagan Poetry), avoir la chair de poule dès les premières notes de Jóga... : c'est ce que j'appelle le bonheur.
Puis, voir le concert se transformer en une immense rave party sur les deux derniers morceaux... Ce qui donne à peu près ça :

Raise your flag! higher higher!
Raise your flag! higher higher!
Raise your flag! higher higher!
Raise your flag! higher higher!
DECLARE INDEPENDENCE!
DON'T LET THEM DO THAT TO YOU!
DECLARE INDEPENDENCE!
DON'T LET THEM DO THAT TO YOU!
DECLARE INDEPENDENCE!
DON'T LET THEM DO THAT TO YOU!

etc.
Le tout sur fond de boum boum boum.

J'ignorais à quel point cela pouvait être jouissif (surtout sur ces paroles...). Pour la première fois de ma vie, j'ai connu la transe des raveurs... J'en suis sortie ivre de bonheur.

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Pour prolonger un peu ces (courtes) vacances, un dessert qui fut très apprécié à la Raffinerie : le pot au chocolat, qui est une sorte de mi-cuit (vraiment à peine cuit), servi dans un verre Gigogne Duralex (vous savez, ces verres de cantine au fond desquels on peut lire son âge...), recouvert de crème fouettée (beurk) et accompagné d'une boule de glace vanille servie dans ce qui ressemble à un photophore Ikéa. Un dessert venu à point nommé combler une envie irrésistible de chocolat...

Pots explosifs au chocolat (un peu comme à la Raffinerie)



pour 3 pots

100 g de chocolat noir de couverture
50 g de beurre
3 oeufs
50 g de sucre blond de canne
30 g de farine

Dans un saladier, faire fondre le chocolat et le beurre (au micro-ondes ou au bain-marie).
Ajouter les oeufs (un par un), le sucre et la farine en mélangeant bien entre chaque ingrédient.
Verser la pâte dans des petits verres Duralex (ou, à défaut, des petits ramequins, auquel cas il faut 4 ramequins) et mettre au congélateur pendant une heure AU MOINS (cette étape est indispensable pour éviter que le pot ne cuise trop vite et qu'il ne se craquèle trop).
Préchauffer le four à 210 °C.
Enfourner 10 à 12 minutes (un peu moins pour des ramequins).
Laisser tiédir quelques minutes avant de déguster, devant le plus beau clip du monde (ou comment obtenir tant de sensualité avec des robots...).



(Recette inspirée du Juste cuit de Christophe Felder)

samedi 18 août 2007

Petits plaisirs du quotidien et le clafoutis de mes rêves devenu réalité



Ce n'est pas le paradis... mais simplement une succession de petits plaisirs, qui ponctuent agréablement cet été affreusement long et ennuyeux.


Plaisir des yeux devant la beauté fascinante du mangoustan vu du dessous...


et du sureau vu de profil...


Plaisir mêlé de nostalgie à la dégustation de ce Nussstrudel, rapporté de Vienne...


Plaisir de découvrir de jolies surprises dans sa boîte aux lettres...


Plaisir d'une promenade vespérale...


Plaisir d'un petit déjeuner à deux, en terrasse, à l'heure où pointent les premiers rayons du soleil..


Plaisir extatique avec ce clafoutis, le meilleur que j'ai fait et dégusté jusqu'à présent. Une texture parfaite à mon goût, entre gâteau et flan, à la fois moelleux et fondant. Un clafoutis... orgasmique (et je pèse mes mots). S'il ne devait rester qu'une recette sur ce blog, ce serait celle-ci. Sans hésiter.

En fait, il s'agit de ce clafoutis, amélioré par la substitution d'une partie de la farine par de la poudre d'amandes.

Et pour ne rien gâcher, ce clafoutis se congèle très bien (dans le cas très improbable où il en resterait...).

Clafoutis "je ne changerai plus de recette"*

500 g de cerises dénoyautées (fraîches ou surgelées, en tout cas, suffisamment pour recouvrir la surface d'un moule)
250 g de ricotta
3 oeufs
80 g de farine
60 g de poudre d'amandes
190 g de sucre blond de canne
2 c.s. de kirsch
1 c.c. de jus de citron
huile

Préchauffer le four à 190 °C.
Graisser un moule à manqué avec l'huile.
Séparer les blancs et les jaunes.
Mélanger vivement les jaunes avec le sucre.
Ajouter le kirsch, la ricotta, la poudre d'amandes et la farine, en mélangeant bien entre chaque ingrédient.
Monter les blancs en neige ferme avec le jus de citron, et une pincée de sel.
Incorporer délicatement les blancs à l'appareil en faisant des croisillons avec une fourchette.
Verser dans le moule et recouvrir avec les cerises.
Enfourner environ 50 minutes (ça dépend du four et de la taille du moule).


Les deux dernières bouchées

Lundi matin, je prends le train pour le sud, où je vais me reposer quelques jours. Si vous allez voir Björk aux Arènes de Nîmes, peut-être aurons nous l'heur de nous croiser...?

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* Formule empruntée à Bergamote.

mardi 14 août 2007

La bouillie... euh pardon soupe... de riz au poulet (de ma maman)



La première fois que j'ai fait de la bouillie de riz, mon poulet m'a accusée de vouloir l'empoisonner.
Il était malade, et comme j'avais toujours vu mes parents et grands-parents faire dans ces cas-là, j'ai préparé de la bouillie de riz. Nature. Juste du riz et de l'eau.
Je reconnais que pour un palais occidental, cela peut paraître insipide. D'ailleurs, ce jour-là, je n'ai pas réussi à lui en faire avaler une seule cuillérée : il disait que cela ressemblait à de la colle pour papier peint...
Pourtant, la bouillie de riz (zhou ou xi fan) est une préparation tout ce qu'il y a de plus classique en Chine. Quand j'étais petite, j'adorais y verser un peu (beaucoup) de Viandox (oui, ce truc infâme, mais j'en ai envie rien que d'y penser), ou bien on la mangeait avec des petits cornichons (?) marinés, ou des fibres de viande séchée (rou song), bref toutes sortes de choses un peu bizarres, mais c'était délicieux. Pour moi, tout cela avait une saveur un peu rustique (alors que ça ne l'est pas forcément, mais bon, ça me plaisait de m'imaginer dans la campagne chinoise, avec ma veste à fleurs rembourrée et ma simili-casquette de garde rouge, en train de déjeuner parmi les nôtres). Et en écrivant ce billet, je m'aperçois que cela fait une éternité que je n'ai pas mangé de ces choses-là, et que cela me dirait bien, là, tout de suite, un bol de bouillie de riz avec des cornichons marinés, une cuillérée de rou song...
Mais voilà, ce jour-là, ma bouillie était nature, sans accompagnement, et mon poulet n'en a pas voulu.
Depuis, il a découvert que la bouillie de riz existait autrement que nature, qu'elle pouvait être délicate et parfumée, et que si, de surcroît, on la rebaptisait "soupe de riz" (on dit bien "rice soup", alors...), il n'y avait plus aucune raison de lui résister.

Au départ, je n'arrivais pas à obtenir le même goût que la soupe de riz de ma maman. Il manquait quelque chose, mais je n'arrivais pas à savoir quoi...
Et puis, je me suis souvenue : il manquait le gingembre. Un ingrédient indispensable, qui change tout dans cette recette.
Et finalement, ma soupe de riz est comme celle de ma maman.

Soupe de riz au poulet



1 verre de riz, lavé (j'ai pris du riz rond japonais)
1 cuisse de poulet (j'ai pris du poulet fermier)
1 gousse d'ail pressée
1 brin de ciboule, coupé en julienne
2 petites rondelles de gingembre (3-4 mm environ)
qq noix de saint jacques séchées (facultatif, je n'en avais pas)
1 c.s. de vin de riz (Shao Hsing Hua Tiao Chiew)
sel et poivre

Blanchir la cuisse de poulet dans une grande casserole, puis retirer l'eau. Rincer la cuisse dans la casserole.
Ajouter le riz, 1,5 l d'eau froide (filtrée, de préférence), l'ail, le vin de riz, et porter à ébullition, puis laisser cuire à feu doux.
Au bout de 45 minutes, retirer la cuisse de poulet.
Prélever la chair, puis remettre l'os dans la casserole.
Ajouter le gingembre, la ciboule, puis laisser mijoter à couvert au moins 1 heure et demie encore (plus c'est long, meilleur c'est). Rajouter de l'eau en cours de cuisson si nécessaire (il faut que ce soit ni trop épais, ni trop liquide).
A la fin de la cuisson, effilocher la chair de poulet et la mettre dans la soupe.
Saler, poivrer.

Evidemment, cette soupe de riz se réchauffe très bien, et elle est aussi très bonne froide.



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N.B.1 : Cette recette est pour le jeu de Clairechen "La recette de mon enfance".

N.B.2 : J'ai découvert hier soir que notre ami Jean-Pierre avait joué dans un James Bond. Ca alors !

vendredi 10 août 2007

Celle qui se nourrissait de boîtes et buvait des tisanes magiques




(Attention : pas de recette aujourd'hui)

La vie d'un thésard qui passe ses journées à la bibliothèque n'est pas toujours aussi triste et monotone qu'on le pense (même s'il ne rencontre pas de condisciples avec qui déjeuner et papoter dans la salle de détente).

L'autre jour, je feuilletais des bouquins que j'avais attrapés un peu au hasard sur une étagère, pensant qu'ils étaient susceptibles de m'intéresser. Et en parcourant le sommaire de l'un d'entre eux (c'est là qu'on voit si ça va effectivement nous intéresser ou non, mais pas toujours), je suis tombée sur ça (attention, c'est long) :

Chapitre II - Théorie et définitions
I - Extension
A - Extension et intension
B - Extension et extensionalité
II - Extensité
A - Définition
B - Extensité et extension
C - Extensité et intensité
III - Extensivité
A - Etat de la question
[...]
B - Définition
C - Extensivité et extension
1 - Extensivité extensive
ajustement de l'extensité à l'extension
adaptation de l'extension à l'extensité
occultation de l'extension excédant l'extensité
2 - Extensité partitive
infériorité objective de l'extensité à l'extension
dissociation intellectuelle de l'extensité et de l'extension
IV - Extensitude
A - Définition
B - Extensitude et extensivité
C - Extensitude et extensité
1 - Référence et attribution en extensivité extensive
2 - Spécificité et non-spécificité en extensivité partitive
D - Extensitude et intensitude
V - Extensibilité
A - Définition
B - Extensibilité et extensité
1 - Extensibilité positive
2 - Extensibilité négative
C - Extensibilité et extensivité
D - Extensibilité et extensitude
E - Extensibilité et intensibilité
... etc

(ça, c'est un sommaire qui donne envie, ou je ne m'y connais pas)

Je me suis dit :
- soit c'est une plaisanterie,
- soit ce grand savant est un comique qui s'ignore,
- soit il faut que je change de métier.

Heureusement que j'ai mes boîtes et ma potion magique pour me remettre de ces émotions.

Mes boîtes, vous les connaissez déjà un peu (il s'agit souvent de restes, auxquels je tâche de donner une seconde vie) :


Riz, haricots verts et porc mijoté aux "noeuds" de mon papa
Purée de pommes Côteaux Nantais (j'adore)
Mini-cake au thé earl grey S. Aoki (eh oui, on se fait plaisir)
Gaufrettes Manner Schnitten
Thé Fleur de Geisha



Carottes râpées (maison)
Petits sandwichs aux rillettes de sardines aux 2 piments
Petit gâteau chocotonka de Mamina (mais aux framboises)
Abricot, framboises, groseilles
Eau minérale
Café



Spaghetti sautés avec un reste de poêlée
Nectarine blanche
Purée de pommes Côteaux Nantais
Carré aux flocons d'avoine et confiture
Eau minérale
Café



Riz, saumon émietté, concombre, jus de citron vert, nuoc mam, échalote, coriandre
Abricots
Pancakes (en sandwich avec de la confiture Carla)
Thé Montagne Bleue



Salade tomate mozzarella basilic
Saucisson végétal de ma grand-mère (fait à base de soja)
Mara des bois
Purée pommes poires fraises Côteaux Nantais
Chocolate chunk brownies
Jus Qu4ttro Stagioni pamplemousse rose - cranberry



Aubergine et riz & 3 céréales anciennes
Yaourt nature + confiture + framboises
Muffin lait ribot et Nut Nut
Café
Eau minérale


Quant à la potion magique, je veux parler de ça :



Sur la boîte, c'est écrit "Keep your wits about you". Je serais incapable de traduire ça en bon français, mais je pense que le message est que c'est bon pour la tête. Attention, n'allez pas croire que je gobe ce genre d'allégations (sinon, j'aurais acheté plusieurs autres de ces tisanes magiques, qui m'auraient donné une peau lisse et parfaite, des défenses naturelles en béton armé, des cheveux brillants et des ongles renforcés, un organisme purifié, un esprit apaisé et serein, un sommeil de bienheureux, et même une silhouette de rêve). Mais bon, si ça peut juste empêcher mes trois neurones de partir en courant dès que je m'approche de la bilbliothèque, j'en serai déjà très satisfaite (j'espère que ça marche, parce que du point de vue gustatif, c'est plutôt bof, contrairement à un thé vert à la myrte citronnée, qui fut apparemment apprécié).

Côté recettes, rien de nouveau, malgré mes nombreuses expériences nocturnes en cuisine. On ne peut pas tout réussir...



(Mention spéciale à celui ou celle qui a atterri ici en cherchant "comment ne pas faire un gateau", quel esprit rebelle !)

lundi 6 août 2007

Les tartelettes aux mirabelles de belle-maman




A celles et/ou ceux qui se demandent quel est mon domaine d'étude, je peux donner un tout petit exemple à travers l'intitulé de ce billet. Juste une entrée en matière.
A celles et/ou ceux que ça n'intéresse pas du tout, passez directement à la recette.

En lisant "tartelettes aux mirabelles de belle-maman", vous croyez peut-être que je vais livrer la recette de tartelettes de belle-maman, mais non, pas forcément.
Hors contexte, ce groupe nominal est ambigu et peut s'interpréter de deux façons :
a) soit belle-maman a fait les tartelettes, ou c'est sa recette ("belle-maman" se rattache à "tartelettes"),
b) soit belle-maman n'a fait que fournir les mirabelles ("belle-maman" se rattache à "mirabelles").

Les structures syntaxiques sont totalement différentes (d'ailleurs, la prosodie n'est pas la même non plus) :

Interprétation a :


Interprétation b :

(cliquez sur les images pour les agrandir)

Entre parenthèses, je passe mon temps à étudier et à dessiner ce genre de figures qu'on appelle des "arbres". Mais des bien pires, vous pouvez me croire.

Alors, c'est bien beau tout ça, mais à quoi ça sert ?

Je vous laisse choisir la réponse qui vous plaît le mieux (qui ne concerne évidemment pas cet unique exemple, mais tout le domaine des sciences du langage : syntaxe, morphologie, lexicologie, phonologie, sémantique, etc) :

- Réponse standard : à faire avancer la science et la connaissance.
- Réponse de l'angoissé qui se sent obligé de prouver la légitimité de ce qu'il fait : à développer et améliorer les logiciels de traitement de la langue (correcteurs grammaticaux, traducteurs automatiques, résumés automatiques, moteurs de recherche "intelligents", reconnaissance et synthèse vocales, etc).
- Réponse de celui qui se sent agressé par une telle question : à rien.

Pour en revenir à ce qui nous intéresse, c'est l'interprétation b qui est la bonne ici : les mirabelles viennent du jardin de belle-maman (et beau-papa) en Lorraine, mais les tartelettes sont de mon fait.

Au départ, il s'agissait de tartelettes "nues", c'est-à-dire qu'il n'y avait que les mirabelles recouvertes d'un voile de sucre.



J'ai trouvé que le tout était un peu sec, alors j'ai ajouté une couche de frangipane entre la pâte et les mirabelles, ce qui améliore grandement le résultat, même si les mirabelles deviennent anecdotiques (ce n'est pas bien grave si on adore la frangipane).

Tartelettes amandine aux mirabelles


pour 4 tartelettes

une trentaine de mirabelles (250 g ? 300 g ?), idéalement 30 (ce qui fait 15 moitiés de mirabelles pour chaque tartelette)

Pour la pâte sucrée (recette de Patoumi ici)
125 g de farine T80 (je ne la retrouvais plus alors j'ai mis de la T65)
15 g de poudre d'amandes
75 g de beurre froid en morceaux (j'ai mis 50 g beurre salé, 25 g beurre doux)
40 g de sucre
1/2 oeuf

Pour la frangipane
50 g de beurre mou
50 g de sucre blond de canne
60 g de poudre d'amandes
1 oeuf
1/3 c.c. d'arôme d'amande amère (comme pour le 1/2 oeuf, débrouillez-vous)

Je laisse Patoumi vous expliquer la confection de la pâte :
"mélanger la farine et la poudre d'amandes puis ajouter le beurre et malaxer du bout des doigts pour obtenir un mélange sableux assez homogène.
Faire un puits.
Mélanger le demi oeuf et le sucre dans un petit bol, mélanger à la fourchette et verser la mixture dans le puits. Amalgamer pour former une boule de pâte. L'entourer de papier film et la laisser au moins deux heures au réfrigérateur.
Au bout de ce temps, foncer les moules et faire cuire la pâte à blanc une dizaine de minutes dans un four préchauffé à 180° (les bords doivent être à peine dorés)."

Pendant que les fonds de tartelette cuisent, préparer la frangipane :
Dans un bol, mélanger le beurre mou, le sucre et la poudre d'amandes.
Incorporer l'oeuf battu, mélanger.
Ajouter l'arôme d'amande amère, mélanger.

Une fois que les fonds de tartelette sont cuits, les garnir de frangipane et recouvrir avec les mirabelles coupées en deux et dénoyautées (15 moitiés par tartelette c'est bien, mais vous aurez remarqué sur la photo que je n'en ai mis que 12, ce qui était insuffisant, c'est pourquoi je dis 15 a posteriori).
Enfourner 30 minutes environ à 180 °C.


L'environnement dans lequel ces mirabelles ont vu le jour

L'honnêteté culinaire m'oblige à vous dire quand même que mon poulet a préféré les tartelettes "nues" parce qu'on sent mieux les mirabelles. Mais moi, je préfère la frangipane aux mirabelles cuites.

vendredi 3 août 2007

Le rendez-vous des losers (?), et pousses de petits pois




Depuis le 17 juillet, je suis étonnée de voir la masse de personnes qui atterrissent chaque jour sur ce blog en tapant "rater sa vie" ou "comment rater sa vie" sur Google. C'est une démarche intéressante et originale que de chercher à rater sa vie, et je suis flattée que l'on vienne me consulter pour une question si... cruciale (un peu comme on consulte Mercotte pour les macarons, ou Loukoum°°° pour les cheesecakes). Mais je suis désolée de décevoir tous les apprentis losers qui pensent trouver leur bonheur ici : je n'ai pas la recette miracle (et puis quoi encore ? si vous voulez devenir des losers, démerdez-vous).

Si je ne peux rien faire pour les gens en quête de lose, je peux en revanche redonner espoir à ceux qui, comme moi, n'aiment pas (beaucoup) les petits pois : il reste les pousses de petits pois, qui sont délicieux. Au passage, c'est la première et sans doute la dernière recette un peu light que vous trouverez sur ce blog (chez moi, on ne plaisante pas avec la cuisine).

Pousses de petits pois, tout simples



pousses de petits pois (les miens sont conditionnés en barquettes ; je n'en ai jamais acheté, c'est ma maman qui me fournit)
vin de riz (Shao Hsing)
huile
neutre (tournesol, par exemple)
sel, sucre

La marche à suivre est simplissime :
Laver les pousses de petits pois dans un saladier d'eau. NE PAS EGOUTTER.
Chauffer une poêle (ou un wok), avec de l'huile.
Prendre les pousses de petits pois avec la main et les déposer dans la poêle (avec l'eau qui goutte).
Laisser cuire quelques minutes, verser une giclée de vin de riz, du sel et un peu de sucre, mélanger, laisser cuire 1 minute.
C'est tout.

Ca ne fait pas un repas, mais quand on a mangé trop lourd les repas précédents, c'est très bien avec un peu de riz (ici : riz basmati et riz rouge complet mélangés). Simple et léger. Ca permet de se lâcher sur le dessert.

(A celles et ceux qui croient que je suis au bord de la dépression : il en faut plus pour m'abattre. Finie la lose attitude. Je serai bientôt docteur et pour fêter ça, j'organiserai LE pot de thèse du siècle, avec les meilleurs macarons de la galaxie (après ceux de P.H., bien entendu, il faut être modeste, comme le répète souvent ma maman)).


Merci les filles.

jeudi 2 août 2007

Nostalgie, tristesse, furie... et steak tartare




... my life had changed. Not in the way I'd thought, though. I hadn't met the woman I was to go gray with. I was twenty years old, and by the time I was twenty one, I'd be heartbroken. I didn't know that then.

Il y a dix ans, le 2 août 1997, je quittais Vienne après un séjour d'un mois en compagnie de mon acolyte L. Un mois insouciant et heureux, passé à fréquenter les cours d'allemand le matin (séparément : L. dans le groupe de linguistique, et moi dans le groupe de littérature), et à déambuler dans la ville le reste du temps (séparément aussi). Le soir, L. et moi nous retrouvions à la terrasse du Fischer Bräu, tout près de notre résidence universitaire. Un vrai coin de paradis, dont je n'ai trouvé d'équivalent nulle part ailleurs sur terre. A la carte : des tartines (froides et chaudes), des plats simples et nourrissants (escalopes géantes, ribs gargantuesques...). C'est là que nous passions quasiment toutes nos soirées, dans une atmosphère douce et indolente. Je me souviens d'un soir où L. m'avait laissée seule avec mon assiette de gebackene Mäuse* pour se rendre chez le coiffeur, et revenir une heure plus tard comme si de rien n'était. Il était spécialiste de ce genre de choses totalement incongrues.
Je donnerais cher pour remonter dans le pater noster qui menait au resto U, m'asseoir à une table du Kleines Café, ou réentendre la voix qui annonçait les stations dans le tram (existe-t-elle encore d'ailleurs ? je frémis à l'idée qu'on puisse la changer ou la supprimer, mais heureusement je possède des enregistrements). Je donnerais cher pour réécouter L. faire le récit de ses journées dans les piscines en plein air de la ville, ou de ses déjeuners à l'épicerie bio. Je donnerais cher pour me retrouver au cinéma Bellaria, où nous avions vu M le Maudit, ou au milieu des rayonnages de la librairie Morawa.
Je pourrais continuer sans fin...



Ces jours-ci, tous ces souvenirs remontent à la surface et m'emplissent de nostalgie. Je me souviens que c'est pendant cette période que j'ai découvert le cinéma de Haneke. Ulrich Mühe, qui jouait dans plusieurs de ses films, et dont on a pu récemment mesurer tout le talent dans La vie des autres (Das Leben der Anderen), est mort il y a dix jours. Je devais être bien absorbée dans mes angoisses doctorales et existentielles pour passer à côté de cette triste nouvelle, car elle n'est parvenue à moi qu'une semaine après. Mais sa mort me laisse inconsolable.



Enfin, pas complètement. Dans les périodes moroses comme celle que je traverse actuellement, il est quand même une chose qui me réconcilie totalement avec la vie, en plus des gâteaux au chocolat et des cheesecakes : c'est la viande rouge. Bien saignante, voire crue. Pour une carnivore comme moi, c'est le must.
Un soir où j'étais à bout de nerfs (en furie plutôt : j'avais envoyé valser un tas de choses dans la cuisine) parce que tout allait de travers, j'ai ouvert Recettes immorales de Manuel Vázquez (aux Editions de l'Epure) à la page 92 et j'ai préparé un steak tartare en m'inspirant de la recette.
Mon poulet a trouvé que la colère me réussissait pas mal.

Steak tartare


par personne

150 g de boeuf haché (demandez à votre boucher le morceau qui convient le mieux)
1 jaune d'oeuf
1/4 d'oignon rouge haché
1 cornichon haché
1 c.c. de câpres
1 c.c. de persil haché
un peu d'huile
moutarde
sauce Worcester
ketchup
Tabasco
sel et poivre noir fraîchement moulus

La recette... Il n'y a pas de recette, il suffit de tout mélanger, d'assaissonner à son goût.
J'ai servi ce tartare avec des pommes de terre sautées (avec du beurre et de l'ail pressé, comme j'aime).



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* Littéralement "souris rôties". Il s'agit de beignets en fait, qui étaient servis avec des morceaux de poires, des airelles et de la sauce chocolat. Le genre de dessert que vous ne voulez pas partager tellement c'est bon...

Image : Mondkugel, de Franziska Smolka (1995)