dimanche 29 juillet 2007

Une parenthèse lorraine et des buttermilk pancakes




Pour une journée inoubliable, loin des tracas d'une thèse qui ne veut pas s'écrire, prenez :

- une fête d'anniversaire à L.
- un beau jardin rempli de petits trésors
- une douzaine de personnes réunies autour d'une table
- du champagne à volonté
- le vent et la pluie qui s'invitent à la fête
- des gobelets qui s'envolent, déversant leur contenu alcoolisé sur les pantalons des convives
- une pluie qui se transforme en averse
- des chaises de jardin qui se brisent mystérieusement sous votre poids, provoquant l'hilarité générale
- un chien mâle (inverti ?) poursuivant sans relâche un autre chien mâle de ses ardeurs
- une pièce montée avec ses choux caramélisés croquants sous la dent
- une discussion politique sur le point de tourner au vinaigre, mais finalement non
- un retour bienvenu du soleil à l'heure de l'apéro
- (encore) du champagne à volonté
- des récits policiers (véridiques) dignes des meilleures séries policières américaines
- un poulet fier comme tout, racontant à tout le monde que sa chère et tendre tient un blog de cuisine trop génial, alors même qu'il devait garder le secret
- un dernier verre sur la terrasse alors que la nuit est tombée depuis longtemps

Un grand merci à vous, Joël et Odile, pour votre accueil chaleureux et votre générosité.
Et encore joyeux anniversaire à toi, Théroigne. Que tes rêves puissent devenir réalité.



La veille, avant de prendre le train, j'avais préparé des pancakes pour le petit déjeuner (transition merdique, j'en conviens, mais je n'ai pas trouvé mieux).

Pour obtenir le top du top en matière de pancakes, c'est tout bête : vous prenez les deux meilleures recettes du monde, à savoir celles de Vanessa (Confiture maison) et d'Estelle (Le hamburger et le croissant), et (comme vous n'arrivez pas à vous décider pour l'une ou l'autre) vous faites un mix des deux, en prenant le meilleur de chaque recette.

Buttermilk pancakes (pancakes au lait fermenté)


pour 5 gros pancakes

125 g de farine
30 g de sucre en poudre
1/2 c.c. de levure chimique
1/4 c.c. de bicarbonate de soude
240 ml de lait fermenté* (j'ai utilisé du Yorik)
1 oeuf
15 g de beurre
1 c.c. d'extrait de vanille

Dans un grand récipient, mélanger les ingrédients secs : farine, sucre, levure, bicarbonate de soude.
Dans un bol, faire fondre le beurre (au micro-ondes), puis ajouter le lait fermenté, l'oeuf et l'extrait de vanille, en mélangeant entre chaque ingrédient.
Incorporer le mélange liquide au mélange sec, et mélanger grossièrement le tout. Ne pas trop travailler la pâte, il doit y avoir des grumeaux.
Chauffer une petite poêle antiadhésive à feu moyen, la graisser avec un peu d'huile ou de beurre.
Verser une louche de pâte et laisser cuire 2 minutes environ (des bulles doivent se former à la surface).
Quand le dessous est bien doré (faire attention à bien surveiller la cuisson, ça crame très vite), retourner le pancake à l'aide d'une spatule et laisser cuire 1 minute environ.

On obtient des pancakes absolument parfaits, il n'y a pas d'autre mot (je n'hésite pas à l'employer, étant donné que la recette n'est pas de moi, de toute façon).


A déguster avec du sirop d'érable, ou bien du sirop de cacao**.


Tout le monde les a appréciés. Surtout lui.


* Le lait fermenté peut être remplacé par la même quantité de lait classique, auquel on ajoute un peu de jus de citron.

** Il s'agit du sirop de cacao Terre Exotique (je l'ai déniché à la Grande Epicerie). Je l'avais déjà utilisé .

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

mardi 17 juillet 2007

Comment (ne pas) rater sa vie




Vous avez toujours été très bonne à l'école, et même souvent première de la classe.
Vous avez passé un bac scientifique pour pouvoir "faire ingénieur", ou avocat, ou architecte, ou diplomate, conformément aux voeux les plus chers de vos parents.
On a toujours dit de vous que vous réussiriez dans la vie.
Mais, manque de pot, vous ne voulez pas devenir ingénieur (de toute façon, vous avez horreur des maths). Et vous ne voulez pas non plus être avocat, ou architecte, ou diplomate.
Vous préférez vous lancer dans des études qui vous plaisent et dans lesquelles vous vous épanouissez.

Vous avez trente ans bien sonnés. Et on attend toujours que vous réussissiez dans la vie.
Seulement, vous n'avez pas encore achevé vos études (qui, en passant, ont été une erreur). Donc, à trente ans, vous n'avez toujours pas de métier. Vous êtes en train de tout rater.
On vous considère souvent comme une enfant, puisque vous n'êtes pas dans la "vraie vie", celle des gens qui ont un "vrai" travail, et des "vrais" soucis (le boulot, les traites à payer, la voiture, les enfants, etc). Inutile de vous demander votre avis sur quoi que ce soit puisque votre parole compte pour du beurre (pour les raisons sus-citées).
La preuve ultime que vous n'êtes pas une adulte : vous ne savez même pas conduire.

Vous avez trente ans, et vous n'êtes bonne à rien. Sauf à réussir les macarons une fois sur deux, et à raconter vos élucubrations sur un blog de cuisine, qui n'est même pas un blog de qualité.

******

Cette fois-ci, je n'ai vraiment plus le choix : je vais devoir me faire plus rare sur ce blog (et sur les autres aussi) pour me consacrer entièrement au travail, si je ne veux pas rater complètement ma thèse, et ma vie. Autrement, je serais obligée de m'ouvrir les veines, ce qui serait embêtant, car j'ai encore des tas de recettes à tester, et puis j'aimerais que ce blog vive encore longtemps (sans moi, ce serait difficile, avouons-le).

Donc, je délaisse un peu mon blog, mais comme dit l'autre :
I'll be back.

En attendant, je vous laisse sur le plus réconfortant des gâteaux : le moelleux au chocolat, d'après une recette de maman Crevette.

Moelleux au chocolat



200 g de chocolat noir
130 g de sucre blond de canne
130 g de beurre
100 g de farine
5 oeufs
1 sachet de levure chimique

Faire fondre le chocolat et le beurre.
Ajouter le sucre, mélanger.
Incorporer les jaunes d'oeufs un à un, puis petit à petit la farine et la levure.
Battre les blancs en neige (avec une pincée de sel) et les incorporer délicatement au mélange.
Verser dans un moule (beurré et fariné, si ce n'est pas un moule en silicone).
Enfourner environ 35 minutes à 160 °C.

Ce gâteau est meilleur le lendemain, le surlendemain... bref, il se bonifie au fil des jours (le dessus s'humidifie légèrement) - mais ça ne vous empêche pas de le manger le jour même, si vous êtes vraiment trop désespéré.

dimanche 15 juillet 2007

Sur le trajet du 58




A Paris, tout le monde sait que lorsqu'on est pressé, il est déconseillé de prendre le bus et qu'il vaut mieux se tourner vers la solution rapide et efficace qu'est le métro. Mais comme je ne suis pas une fille pressée, le bus, ça ne me fait pas peur. Au contraire. C'est un vrai plaisir, lorsque je sors du RER aux Halles, ou bien lorsque je quitte mon amie Crevette après un après-midi entier passé au Loir (devant un crumble aux pommes et un chocolat chaud à tomber, par exemple), de prendre le 58 pour regagner mes terres (non, je ne me prends pas pour Lady Chatterley). J'adore ce parcours, qui traverse des quartiers que j'aime beaucoup (Pont Neuf, Odéon, Luxembourg, Vavin, Montparnasse, Maine), et qui, par sa longueur justement, me laisse tout le loisir de rêvasser, de réfléchir aux courses à faire, au repas du soir, au sujet du prochain billet, etc. Bien que j'aie (presque) toujours un livre sur moi, je lis très peu dans le bus : je suis trop distraite par tout ce qui défile à travers la vitre...

Au début du trajet, le passage devant la Samaritaine me replonge immanquablement dans des souvenirs d'enfance : mon grand-père nous y emmenait de temps à autre (il disait "samaLitaine"), et c'était toute une expédition, car nous habitions en banlieue et le trajet en métro nous paraissait alors interminable. Mais qu'est-ce que c'était bien...
Cela me fait de la peine de voir la Samaritaine fermée aujourd'hui : c'est comme si un lien avec mon grand-père avait été définitivement rompu...

Parfois, le parcours du 58 réserve des surprises. Par exemple, il n'est pas rare d'apercevoir des "people" à la terrasse du Comptoir (une fois, c'était Eric Roux), ou le chef en personne dans la salle, au milieu des clients, comme cela m'est arrivé la semaine dernière (si si, je l'ai vraiment aperçu du bus). En le voyant, je me suis dit que cela faisait une éternité que mon poulet et moi n'avions pas mis les pieds à la (bien-nommée) Régalade, qui se trouve pourtant à deux pas de chez nous. Nous y avions mangé une ou deux fois du temps de Camdeborde, et à chaque fois, c'était un festin pour les papilles (et même après son départ, d'ailleurs...).

En ce moment, on peut remarquer des choses plus insolites sur le parcours, comme ces oeuvres éphémères, entre le quai de Conti et la rue Mazarine :















(Je sais que je ne suis pas la seule amatrice de ce genre d'oeuvres éphémères...)

Comme le trajet du 58 est un peu long, il m'arrive d'avoir un petit creux, de ressentir l'envie de grignoter quelque chose. Le plus souvent, ce sera un cookie "extra-noir" de chez Laura Todd, acheté juste avant de monter dans le bus (un autre, "noir et noix", sera mis de côté pour mon poulet). Mais des petits carrés à la confiture, comme ceux de Mitsuko, combleraient tout aussi bien cette petite faim.
Ces carrés, je les avais repérés depuis une éternité et il me tardait d'y goûter... C'est désormais chose faite.
A vrai dire, je les aurais bien fourrés avec de la confiture Carla, malheureusement je n'en ai pas les moyens... Qu'importe ! J'ai mélangé confiture de framboises (dont j'ai légèrement diminué la dose) et chunks noirs, pour un résultat tout simplement fantastique.

Quel plaisir de grignoter ces petits carrés au petit déjeuner avec mon poulet, sur le canapé du salon, en partageant le même magazine...

Carrés aux flocons d'avoine, framboise et chocolat


pour 12 carrés

110 g de cassonade (j'ai pris du sucre brun non raffiné)
125 g de farine
1/4 c.c. de bicarbonate de soude
1 pincée de sel
80 g de flocons d'avoine
115 g de beurre mou
200 g de confiture de framboises
100 g de chunks noirs (ou pépites de chocolat, ou chocolat concassé)

Préchauffer le four à 180 °C.
Tapisser le fond d'un moule rectangulaire (ou carré) de papier sulfurisé.
Dans un grand récipient, mélanger le sucre, la farine, le bicarbonate de soude, le sel et les flocons d'avoine.
Ajouter le beurre et mélanger jusqu'à obtenir une pâte sableuse.
Recouvrir le fond du moule avec un peu plus de la moitié des "miettes".
Etaler la confiture de framboises et parsemer les morceaux de chocolat sur toute la surface.
Recouvrir avec le reste des miettes et presser légèrement.
Enfourner pendant 30 minutes environ.
Attendre que ce soit froid pour couper en carrés.

jeudi 12 juillet 2007

Comment j'ai fait mon coming-out




Depuis quatre mois, je blogue dans le plus grand secret. Depuis quatre mois, je me lance dans des expérimentations culinaires hasardeuses, et mitraille chacune de mes réalisations, qu'elle soit réussie ou ratée. Depuis quatre mois, je passe une bonne partie de mes nuits devant mon ordinateur pendant que mon poulet dort paisiblement. Depuis quatre mois, je monopolise la connexion internet.

Il y avait bien un léger soupçon de son côté, mais aucune question ne m'avait été posée.

La première fois que j'ai eu envie de lui révéler l'existence de mon blog, c'était à la lecture de ce billet, qui avait provoqué l'hystérie la plus totale chez moi : un bloggeur influent m'avait citée parmi ses blogs favoris ! Ca y est, j'étais célèbre !!! Je n'avais qu'une envie, c'était de montrer ce billet à mon poulet et lui dire : "Regarde, c'est moi là ! Tu vois ? Il m'a citée, tu te rends compte ? Ce type-là, c'est une vraie star !"
Pendant un bon quart d'heure, j'ai eu la tête grosse comme une pastèque. Et les chevilles, n'en parlons pas. Mais comme j'avais décidé de garder le silence (un véritable supplice), tout est vite rentré dans l'ordre.

Il n'empêche, ça fait toujours plaisir d'être apprécié de ceux qu'on apprécie soi-même.



Il y a quelques jours, j'ai reçu les cartes Moo que j'avais commandées sur internet. Contrairement à la plupart des bloggeuses qui en ont parlé, j'ai décidé d'en faire des cartes de visite "normales", et non des cartes pour mon blog. C'est curieux, mais je ne me vois pas distribuer l'adresse de mon blog aux gens que je suis amenée à rencontrer dans la "vraie vie" ("Bonjour, je tiens un blog, venez me lire"), et encore moins à mon entourage. En revanche, j'apprécie d'avoir enfin des cartes de visite "qui me ressemblent", pour reprendre les termes d'Anne. Pour moi, elles serviront certainement de marque-page.



Et puis, je ne sais pas pourquoi, ce jour-là, j'ai tout avoué à mon poulet.
J'ai fait mon coming-out.
Parce que, au bout du compte, ce genre de secret ne tient jamais très longtemps. Et parce que, quand même, il se doutait bien de quelque chose...
Auparavant, je lui ai fait jurer de n'en parler à PERSONNE : "Tu n'en parles à personne, hein, tu me jures, hein ? Personne, hein ? Ni tes frères, ni personne d'autre, je ne veux pas qu'on sache, qu'on me lise", etc.

"Je ne veux pas qu'on me lise" : curieux paradoxe.

Mon poulet, maintenant que tu sais tout, ce blog va pouvoir jouer un vrai rôle : celui de livre de recettes, avec les plats que tu aimes, et dans lequel tu pourras puiser quand tu te mettras aux fourneaux...

Les spaghetti carbonara, comme nous les aimons


pour 2 personnes

spaghetti (entre 150 et 300 g selon votre appétit)
100 g de lardons
1 échalote, hachée finement (je sais qu'il n'y en a pas dans les vraies carbo...)
20 cl de crème fraîche
3 jaunes d'oeufs
sel et poivre

Cuire les spaghetti (al dente, c'est mieux).
Pendant ce temps, faire dorer les lardons dans une petite poêle (sans matière grasse, cela va de soi) avec l'échalote, jusqu'à ce qu'ils soient croustillants. Réserver.
Quand les spaghetti sont cuits, les égoutter, puis les remettre dans la casserole avec la crème fraîche, sur feu doux.
Saler légèrement, poivrer, et mélanger.
Ajouter les jaunes d'oeufs, et bien mélanger pour enrober les spaghetti.
Servir dans des assiettes creuses et ajouter les lardons.



lundi 9 juillet 2007

Comment retrouver le moral, sans les trois copains




Quand une gourmande invétérée, bloggeuse à ses heures, ne salive plus à l'idée de confectionner un cheesecake, quand elle ressent la plus profonde lassitude à la seule évocation du mot "macaron", ce sont les symptômes d'un mal qu'elle connaît bien...

En fait, la dépression couvait depuis quelque temps déjà.

Deux semaines auparavant, elle avait revu des amies autrichiennes (en visite à Paris) et s'était rendu compte, à cette occasion, qu'elle ne savait plus l'allemand. Nada. Plus rien. Elle reconnaissait les mots, oui, mais était incapable de décrypter le sens des phrases, malgré des années et des années d'apprentissage et de pratique : ces Viennoises semblaient parler un charabia innommable*.
Ce même jour, dans une rame de métro, elle avait entendu son voisin de siège, dont elle avait malencontreusement frôlé le genou en s'asseyant, marmonner qu'il fallait mettre "tous ces étrangers" dehors, qu'un certain Sarkozy s'en chargerait, etc... Elle s'était alors souvenue de cette femme qui l'avait agressée d'un "Taille-toi, sale chinetoc !" quelque seize années plus tôt, devant la vitrine d'un magasin de chaussures. Et il n'y avait rien à faire : cela l'affectait toujours autant.
Côté travail, ses deux dernières journées à la BNF s'étaient révélées totalement infructueuses : elle n'avait pas avancé d'une page. Pas même d'une ligne (misère de misère).
Et puis, (presque-)belle-maman et (presque-)beau-papa avaient débarqué du fin fond de leur Lorraine, et elle s'était sentie, une semaine durant, privée de toute intimité et - BIEN PIRE - dépossédée de sa cuisine.
Enfin, pour couronner le tout, son pistolet à eau n'avait pas tenu le choc lors d'un assaut d'une extrême violence contre un pigeon qui la narguait du haut de sa cheminée et qui était... hors d'atteinte. La gâchette avait cédé.

Abattue, déprimée, elle avait alors envisagé de suivre les conseils d'une certaine Constance et de trouver le réconfort auprès de ses trois copains.

Puis elle s'était ravisée.

Une rencontre avec un vieux pot,


une promenade,


et quelques douceurs


avaient suffi à lui redonner le sourire. Et l'envie de blogger à nouveau.

Retour en douceur, avec cette glace testée (et validée) un soir de grande fatigue.

Glace express aux fruits rouges


pour 2-3 petits bols

100 g de mélange de fruits rouges surgelés
100 g de framboises surgelées
6 c.s. de lait
1 bonne c.s. de sirop d'agave (ou 2 si vous préférez plus sucré)

Mettre les fruits dans le verre à mixeur et passer 2 minutes au micro-ondes sur mode décongélation (le but étant de les ramollir sans les décongeler complètement).
Verser le lait et le sirop d'agave, mélanger.
Mixer avec le mixeur plongeant.
Servir dans des petits bols, avec des gavottes.


*En fait, ce "charabia" porte un nom : dialecte viennois...

mardi 3 juillet 2007

Egarements




Another day

___There was nothing to it, nothing else for me to do.
___One week you're there, answering the phone, opening the mail, tending to the plants or to what your neighbors or your friends expect. You're waking earlier each morning to that repeating nightmare. Your friends tire of always reaching in, and each time you beg off anyway.
___Look at my face. I've walked out of my life.


Dessin : d'après une photo de Sarah Moon
Texte : Sarah Van Arsdale, in Toward Amnesia