vendredi 1 juin 2007
Le gâteau qui me faisait penser à Madame Goubé
Quand j'étais petite, ma maman caressait le doux rêve de me voir entrer à l'Opéra, comme petit rat. C'est dans cette perspective qu'elle m'a envoyée - et ma soeur aussi, par la même occasion - suivre les cours de danse de Madame Goubé à la Salle Pleyel. J'avais sept ans.
Le mercredi, c'était jour de danse. Le matin, ma soeur et moi partions au restaurant avec nos parents - la Salle Pleyel n'était qu'à cinq minutes en voiture du restaurant. Nous déjeunions sur un coin de table, puis notre maman nous emmenait au cours. De ce lieu mythique qu'est la Salle Pleyel, je ne connaissais rien d'autre que le premier étage, celui de l'académie de danse. Les couloirs grouillaient de petites filles en chignon, on se changeait vite fait dans les vestiaires, puis on entrait dans la grande salle, après avoir payé le cours évidemment. Le règlement se faisait à la séance, et bien que cela soit flou dans mes souvenirs, je pense qu'il n'était pas donné. Ma soeur et moi paraissions bien exotiques au milieu de ces petites filles blondes et blanches de la bourgeoisie parisienne.
La salle de danse était immense. Elle donnait sur la rue, et la barre longeait la baie vitrée par laquelle on pouvait apercevoir les voitures, les passants. A l'avant de la salle se trouvait un grand miroir. Sur le côté droit, le piano, derrière lequel s'installaient les parents.
Madame Goubé, qui était connue pour son autorité, me terrifiait. Mais je n'étais pas mauvaise, bien au contraire. Je crois même que j'étais une de ses élèves préférées, mais personne ne dépassait Maeva, l'élève modèle, qui était souvent chargée des démonstrations pour les exercices. Une fois pourtant, c'est moi qui fus choisie pour montrer comment exécuter un grand plié tout en restant bien droite, et pour cela, elle me mit une peluche sur la tête, que je ne devais pas faire tomber.
Je passai l'épreuve avec succès.
J'aimais bien les cours de danse. J'aimais les exercices à la barre, mais ce que j'aimais par dessus tout, c'étaient les polkas, qui nous entraînaient dans un grand tour de la salle et qui me grisaient par leur rythme joyeux.
Les cours se passaient donc bien. Mais je n'ai pas intégré l'Opéra de Paris. Pour cela, il eût fallu une fréquentation bien plus assidue des cours de Madame Goubé, or moi, je n'y allais qu'une fois par semaine. C'est sans doute un regret pour ma maman. Mais pas pour moi, malgré les bons souvenirs que je garde de cette expérience.
Depuis lors, chaque fois que je passe devant la Salle Pleyel, je ne peux m'empêcher de lever la tête vers la grande baie vitrée du premier étage, pour voir s'il n'y aurait pas, par hasard, des petites danseuses à la barre.
Une fois, bien des années plus tard, j'y suis retournée un peu comme en pèlerinage. Arrivée au premier étage, je me suis retrouvée nez à nez avec Madame Goubé, qui n'avait évidemment aucun souvenir de moi. Mais elle, était restée la même. Elle avait gardé la même allure.
Ce sont tous ces souvenirs qui me reviennent à l'esprit à l'évocation du nom Pleyel. Madame Goubé, Maeva, la polka, le grand plié avec la peluche sur la tête, et aussi la compote de pommes que ma maman achetait dans un supermarché de la rue Poncelet et que je mangeais une fois rentrée à la maison.
Quand j'ai découvert ce gâteau, au nom ô combien évocateur, sur le blog de Lilizen, j'ai immédiatement su que j'allais le faire.
Je suis partie de la recette donnée par Scally, mais j'ai remplacé les 20 g de sucre et la vanille par 20 g de sucre vanillé, et comme Tit' le suggère, j'ai utilisé du beurre doux et du beurre demi-sel à 50/50. Autrement, je dois avouer que, par pure paresse, je n'ai pas fait de bain-marie...
Pour la cuisson, j'ai voulu suivre les instructions de Lilizen : 15 minutes à 210 °C + 25 minutes à 180 °C, mais il m'a fallu 10 minutes de cuisson supplémentaires à 180 °C.
Le résultat est un gâteau à l'allure compacte, et pourtant extrêmement doux et fondant. Le pourtour est légèrement trop cuit à mon goût, il faudrait sans doute diminuer la durée de la première cuisson (à 210 °C), qui me paraît un peu "violente"...
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19 commentaires:
hum, on a envie de croquer dans ce coeur fondant !
Cette texture et cette couleur... je ne peux qu'aimer!
Jolie couleur et texture appétissante... ce "Pleyel" (à ne pas trop conseiller aux petits rats, cependant !!)
Je n'ai pas qu'envie, je croque.
La cuisson était parfaite à mon goût, ce gâteau est un pur délice... comme ton récit. Un instant, je me suis imaginée en tutu...
TU n'as rien à regretter...si tu étais devenue étoile, ce gâteau t'aurait été interdit!
Trop chouette ce gâteau. Je ne savais pas que tu avais été danseuse émrite ;-)
Superbe histoire, et superbe gâteau !
Merci de nous faire partager ce joli souvenir!
Que de souvenirs rappelés par cette tranche de douceur!
Les cours de danse laissent donc de beaux souvenirs, de bons gâteaux - et un strabisme des orteils!
Oh que j'ai hâte en lisant ton texte d'emmener ma Joyeuse* à la danse et de la voir en tutu! J'ai jamais vu de tutu de près (sauf à Décathlon).
Ce gâteau a l'air merveilleux, je ne vois pas pourquoi tu attends encore ma recette pour centristes indécis... De toute façon, c'est trop tard maintenant... ;o)
Bon, je vais essayer de la retrouver, quand même. (eh oui c'est surtout ça, le problème!)
Ce gateau à l'air drolement appétissant. J'en veux bien une tranche !
Et on n'oublie jamais la polka.
Merci pour ces informations "cuisson" concernant ton essai, il a l'air parfait ton cake.
Un point en commun : j'ai débuté la danse classique à 7 ans également, avec une mademoiselle du nom de Barré au piano !
Arfff...bien loin tout ça !
Et merci pour la citation !
Ah, jolie demoiselle, je te vois bien en danseuse. Tu devais etre si jolie.
Ce gateau, je l'ai fait l'autre jour en suivant les instructions d'Avital. Il etait bon certes, mais dans mon four il ne voulait pas cuire, ca a pris presque une heure a 190, je n'ai pas compris pourquoi. Au final, il avait trop cuit, pourtant je le surveillais. Tu me donnes envie de recommencer. La patisserie et moi on n'est pas tres copines, mais j'apprend.
La belle histoire, le beau Pleyel !
Je préfèrerai toujours le Pleyel aux cours de danse que j'ai suivi malgré moi... C'est ma petite soeur qui avait envie d'en faire et je n'allais pas rester sans faire une activité sportive... Et même si je n'excellais pas dans cette discipline (le sport n'a jamais été mon fort de toute façon), je suis pourtant reconnaissante à ma Maman car il me reste un peu de souplesse et surtout beaucoup de grâce dans certains mouvements ! (lol)
Le cake au chocolat n'est pas mon gâteau au chocolat préféré, mais il faut reconnaître que le Pleyel se défend pas mal! Surtout que grâce à tes conseils j'ai réussi la cuisson, ça joue beaucoup.
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