dimanche 10 janvier 2010
La nouvelle vie et les poires qui font du bien
Lundi matin, je suis partie au travail avec dans ma besace : ma trousse (ça fait un peu écolier, mais je préfère écrire avec mes propres stylos), mon dictionnaire hiéroglyphes-français, mon vieux moleskine de linguistique (qui moisissait dans un tiroir) et mes cours d'expressions régulières, mon mug Trzesniewski (inutilisé jusqu'à lors), deux boîtes de thé (sencha et Kusmi), une boîte de chocolate dipped butter shortbreads (super bons !). J'ai même emporté mon iPod, au cas où une isolation sonore s'avérerait nécessaire (pratique autorisée et largement répandue - d'ailleurs, il faut que je me constitue une réserve de musique classique).
Et j'ai découvert ça : le tourbillon humain à Saint-Lazare, le petit creux de 10h le premier jour, les paupières lourdes à 14h tous les jours, la fringale de 15h, les habitudes à prendre, les noms et fonctions des collègues à retenir, la montagne d'informations à assimiler, l'angoisse de mal faire/ne rien comprendre/ne pas être à la hauteur, l'impression d'être insignifiante... Et puis la nostalgie des journées oisives, des vagabondages diurnes, et de tant de choses encore (attention, je ne me plains pas, je suis juste nostalgique...).
Heureusement, l'équipe à laquelle j'appartiens est composée de personnes sensées qui considèrent le goûter comme un moment essentiel de la journée. La pause de 16h est donc un rituel sacré auquel on ne saurait déroger sous aucun prétexte. Vendredi, c'était autour d'une galette des rois délicieuse et d'une théière de thé Kusmi (mes collègues sont amateurs de thé Kusmi, ce qui est plutôt bon signe - il y a certes mieux que Kusmi, mais il y a surtout pire).
M'est avis que je vais pouvoir dégainer mes cookies dans pas longtemps.
Mais quand même, j'aime bien le travail parce qu'il autorise à se faire plaisir comme on veut après, profiter pleinement du week-end (un mot qui n'a plus vraiment de sens quand on est au chômage), s'offrir un beau manteau et de chouettes petites robes, aller déjeuner chez Mamie Gâteaux le samedi (mais tôt, sinon il faut faire la queue, comme dans tous les successful places), bref, faire chauffer sa Carte Bleue avec désinvolture.
En plus, j'ai découvert une merveilleuse boulangerie pas trop loin du bureau (et je ne parle même pas du Lafayette Gourmet).
En cette période hivernale (c'est génial, cette neige et ces températures glaciales, vous ne trouvez pas ? :-)) propice aux choses gratinées/rôties/frites, maman Mango dit qu'il est bon de combattre le "yit hei" 热气 (cantonais) avec des poires chinoises cuites au bain-marie, en plus de ses soupes magiques.
Poires chinoises au sucre de canne (au bain-marie)
pour 2 personnes
2 poires chinoises (ça ressemble à ça)
quelques morceaux de sucre de canne en cristaux (bing tang - photo ici)
Couper le haut de chaque poire horizontalement de façon à obtenir un chapeau.
Evider un peu les poires, remplir la cavité avec un ou plusieurs morceaux de sucre de canne.
Placer les poires debout dans des petits ramequins.
Remettre les chapeaux en place, puis placer les ramequins au bain-marie pendant une demi-heure environ, le temps que les poires cuisent et deviennent tendres.
Déguster chaud, avec une petite cuillère, en prenant soin de garder le sirop à l'intérieur de la poire.
N.B. : Selon une superstition chinoise (cantonaise surtout), une poire ne se partage JAMAIS à deux. A trois ou quatre, oui, mais jamais à deux (parce qu'en cantonais, "partager une poire" est phonétiquement proche de "divorcer").
Je reconnais l'ineptie de la chose, mais j'ai tellement intégré cet interdit maternel depuis toujours que je suis incapable de partager une poire avec quelqu'un, et encore moins avec mon poulet.
(Message personnel : désolée pour ce retard...)
Mots-clés :
Chine,
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Mamie Gâteaux,
poire chinoise,
sucre
33 commentaires:
Même si la nostalgie est là du vagabondage diurne mobile ou immobile, les petits bonheurs de ta journée semblent présents... un goûter précieux, la possibilité de s'isoler avec de la belle musique entre autre.
Bon courage pour les prochains jours.
Et puis superbes et simples ces poires, à ne pas déguster à deux!
aimer son travail et ce qu'il impose : une bien jolie victoire... et des poires à tenter !
En fait le retard (oui parce que j'ai pas mal guetté quand même!) tombe bien parce qu'il est très agréable de te lire quand on rentre de l'hôpital après un petit-déjeuner extra, assise en tailleur sur le canapé de mon bureau en écoutant -ahem- chanter "Il y avait des arbres".
Juste un truc: comment as-tu pu oublier de me parler des petites robes?
il faut dire que les poires asiatiques sont tellement énormes qu'il y a assez à manger pour 3 voire 4 personnes.
Je pense bientôt aller faire un tour chez Mamie Gateau entre des heures de révisions à la bibliothèque et un entretien d'embauche
Tu me rassures, on peut survivre. Je reprends demain sauf si..incendie répétitif, dégel trop lent, tremblement de terre, foudre, glissade sur plaque de verglas ( euh chui à pied..)...Bon, je reprends demain.
J'adore ces poires il faut que j'en retrouve....suis très heureuse que cette rentrée boulotesque se passe bien...et tes collègues ne pourront qu'aimer tes cookies, ici c'est un classique que je refais régulièrement avec plein de variantes notamment noix de coco-chocolat.
Moi qui vie l'oisiveté, je suis nostalgique des journées de travail...
Les cookies sont un bon moyen de se faire des "amis collègues"...
Ces poires toutes jolies et font du bien en effet. Mais aussi passer par là fait du bien, sourire, anecdotes douceur... (avec ce froid on peut faire chauffer la carte bleue ;-)
Très belle année heureuse et brillante
Suis certaine qu'ils fondront tous sous l'effet de tes cookies, que tu seras -as usual - à la hauteur.
M'en vais de ce pas combattre le yit hei avec tes poires.
Biz
E.
je comprends là tout ce que tu ressens, du coup de barre au goûter, surtout du gouter et de l'heure qui précède le déjeuner et où tout le monde se pose LA question : "où est-ce qu'on mange ???". J'ai la chance d'être free-lance et de ne vivre les instants de salariés que de manière occasionnelle, sur une durée de deux mois maxi… et les moments d'oisiveté sont d'autant plus appréciés ! Le seul défaut : ce n'est pas toujours évident de faire chauffer la carte bleue avec les mois creux… ;)
J'ai une grande question métaphysique : si je partage une poire avec mon petit frère, qu'est ce qui va nous arriver ? (je n'ai pas très envie de divorcer, je l'aime bien)
Vanessa : Ca me manque vraiment, ces vagabondages diurnes... Mais c'est aussi appréciable de rentrer le soir avec la sensation du devoir accompli.
Arrosoir : Pour le moment, je suis encore en phase de formation, donc je ne peux pas dire si ça me plaît vraiment ou non. En tout cas, c'est très différent de la thèse.
Patoumi : De mieux en mieux, les titres de hum hum :->
J'ai évoqué les soldes, mais tu ne m'as pas demandé de précision !
Bon, à ton tour maintenant :-)
Reinette : Ces poires-là ont une taille normale, c'est très bien pour une personne.
Les gâteaux sont bons chez Mamie Gâteaux (forcément). Le décor est sympathique bien que pas du tout authentique (mais bon, qu'importe si le contenu de l'assiette est bon).
La tortue légère : J'espère que tu as pu aller travailler aujourd'hui et que ça s'est bien passé :-)
Bergeou : Les cookies sont une valeur sûre (mais sans noix de coco pour moi :-))
Dada : Merci pour tous ces compliments ! Et excellente année à toi.
Emilie : Je l'espère.
J'espère aussi que tu vas bien malgré ce long silence.
Melodream : En fait, le pire moment de la journée, c'est entre 14h et 15h30. Mes paupières deviennent lourdes, c'est horrible. Les petits creux, à côté, ce n'est rien du tout.
Le drame de nos vies, c'est qu'il faut réalimenter nos Cartes Bleues tous les mois...
Camille : Il faudrait que j'aille demander à maman Mango, c'est elle le docteur ès superstitions.
J'allais oublier une chose : figurez-vous que mes collègues (les linguistes, hein, pas les autres) ont même des boîtes de thé Mariage Frères dans leurs tiroirs. Je suis ravie de travailler avec des gens civilisés.
J'allais oublier une autre chose : la mort d'Eric Rohmer m'a fait un choc aujourd'hui. Quelle tristesse...
Tu m'apprends la mort d'Eric Rohmer, ça fait bizarre (et je me rends compte que je le pensais bien plus jeune...).
Concernant ton billet, tes poires me font saliver, et tu n'es pas la seule à avoir été bercée de superstitions maternelles (je n'ouvre pas de parapluie à l'intérieur et j'ai du mal à retourner une baguette).
Si tu as des collègues sympa (et qui aime le bon thé, ça compte), c'est l'essentiel : c'est souvent ce qui donne envie d'aller travailler finalement (enfin, selon moi).
Oh, et je suis passée devant Mamie Gâteaux totalement par hasard samedi après-midi, et j'ai passé deux heures à me demander où j'avais vu une photo de la devanture (ici !).
Comme Le citron, il m'arrive, moi qui ne travaille plus désormais, de regretter le travail...Je ne sais pas quelle nostalgie je préfère(!).
La première semaine semble quand même "positive", non? Tu vas assurer, aucun doute là-dessus, laisse toi juste un peu de temps et dis-toi que les autres sont passés par ce stade également. Pour le reste, je confirme qu'il y a pire que les thés que tu cites...dans la plupart des écoles où j'ai travaillé ces 12 dernières années, j'étais la seule à boire du thé, autant dire que ça ne comptait pas et que quand j'oubliais d'apporter mes propres munitions, j'avais droit à des sachets presque poussiéreux qui me faisaient passer aussi sec l'envie du goûter (!!).
Bonne deuxième semaine, avec ou sans cookies!
Cécile
Cette histoire de poires est très jolie,vraiment.
Envie de nouveaux hiéroglyphes?
καλή πρωτοχρονιά, Mingou!
au moins tu travailles dans un quartier sympa et commerçant. j'aime bcp cette poire toute simple : 2 ingrédients. je connais ces poires et ce sucre que j'utilise pour sucrer les boissons.
bcp de poésie
Si seulement mes collègues (que des hommes) pouvaient aimer le moment du goûter!
Il sont plutôt du genre fast-food et sodas. Et si j'ai le malheur de proposer du thé, ils se mettent à rire.
Bon, ce sont des amis, je les adore. Mais je regrette de ne pas avoir une collègue fille avec qui partager ce petit moment de grâce...
Bonne rentrée (avec beaucoup de retard)!
OOps, commentaire posté en anonyme juste au-dessus...
Tes dessins, tes décors, ton écriture ... j'aime tout !
J'attends toujours avec impatience tes billets :)
Effectivement, il y a pire comme ambiance de travail. Tant mieux, tu méritais des gens civilisés.
Et puis, mais qu'est-ce que tu peux être superstitieuse quand même, on dirait une chinoise.
Une chose est certaine : lire tes posts fait de moi une personne meilleure ! Je me lève de mauvais poil (pour des tas de raisons qui seraient trop longues à énumérer), j'ai du mal à me concentrer sur mon boulot et je me dis "faisons un tour sur le blog que j'aime tant" et là, j'arrête de râler, une bouffée d'oxygène m'envahit et je me dis que quand-même, la vie, c'est chouette !
Je comprends cette nostalgie des jours libres mais en même temps, on ne peut pas vraiment se détendre quand on est au chômage car l'avenir semble si vide et comme tu disait, les jours semblent toujours pareils. J'ai de la chance d'avoir quelques après-midis libre quand je peux aller aux musées et faire des courses. C'est un vrai plaisir de te lire à chaque fois. Je suis contente d'apprendre que le goûter est important au travail car des gens qui m'ont jamais un petit creux ou envie de manger de bonnes choses me sont suspects ;-)
L'oeuf qui chante : Oui, c'est vrai que dans ces conditions, on ne va pas au travail à reculons. Mes collègues sont vraiment super gentils avec moi.
Tu n'as pas eu envie d'entrer chez Mamie Gâteaux ?
Cécile : Oh non, tu ne peux pas dire ça... C'est tellement bien de ne pas travailler ;-)
La première semaine fut positive (et la deuxième aussi). Je suis très bien encadrée, voire maternée, les autres sont très protecteurs avec moi. En plus, ils aiment les bonnes choses :-)
Merci pour les nouveaux hiéroglyphes !
Easy Kitchen : Je confirme qu'il y a pire comme quartier. Mais je n'ai pas tellement le temps de faire mes courses dans les environs.
Oré : A ta place, je serais quand même vachement déçue. Il y a très peu de filles dans mon groupe (et dans l'entreprise en général), mais il se trouve que les garçons aiment aussi le tea-time :-)
Insane : Merci ! Ces temps-ci, je n'ai plus tellement l'occasion de cuisiner vraiment, je fais toujours les mêmes choses, simples et rapides, donc c'est un peu compliqué de publier quelque chose...
Gracianne : En plus, on travaille dans un "open space", ce qui veut dire qu'on entend tout ce qui se passe autour de soi, et qu'on peut aussi intervenir et discuter plus facilement. C'est très bizarre quand même.
Mais je SUIS chinoise :->
Artsakountala : Et pourtant, au départ, ma démarche est très égoïste...
En tout cas, c'est le genre de compliment qui me donnerait envie de publier quelque chose tous les jours...
Vanessa : Beaucoup de choses me manquent de ma période de chômage (la liberté d'organiser mes journées comme bon me semble), mais je sais très bien que ça ne pouvait pas durer éternellement. Au moins, j'en aurai bien profité.
Je pense exactement comme toi pour les gens pas gourmands ;-)
Oh si, j'avais très envie de rentrer ! Mais j'étais avec mon amoureux, et les petits salons de thé, ce n'est pas vraiment son truc...
Oh, que je comprends bien ta situation, je vis la même depuis quelques mois, et il faut s'y faire et se "consoler" avec tous ses petits plaisir, je lis régulièrement ton blog que j'adore, je suis moi même fan du japon et des pays nordique et de la cuisine entre autre, et je ne sais pas si tu connais, mais il y a un manga qui s'appelle "Petite foret" de Daisuké Igarashi,qui est fantastique, je te laisse le découvrir sur mon flickr ou je n'y est mis que quelques photos, mais il est tellement bien que si tu ne le connais pas déjà, je te conseille de courir l'acheter à la fnac!
http://www.flickr.com/photos/jay-one/
Bonne journée à toi et merci pour tous ces jolis posts.
Julie
Ca fait du bien un boulot. Surtout quand l'équipe est sympa.
Mon petit plaisir depuis que j'ai mon cdi, m'acheter des chaussures écolos el naturalista pendant les soldes.
Bonjour est un foodblogger italien et j'aime beaucoup votre blog. nous avons la même passion pour la cuisine et je voulais vous laisser un message d'accueil ainsi que mes compliments. Si tu viens trop sur mon blog.
A très bientôt
Suis pas certaine que la démarche soit égoïste car il ne fait aucun doute que tu aimes partager.
:-)
Une jolie découverte que cet espace d'expression... de jolies photos, de chouettes croquis (j'adore "espionner" les carnets des autres), et en plus de quoi allécher les papilles... zou, dans mes RSS !
Je ne suis en général pas bavarde en commentaire, mais j'aime bien dire bonjour au premier passage, même si je passe silencieusement régulièrement ensuite... bonne continuation, je file me régaler des archives de ton blog ! :)
Une délicieuse boulangerie, le Lafayette Gourmet... mais il est où ce nouveau boulot ? Aux portes du paradis ? :)
L'oeuf qui chante : Dommage... Fais-moi signe la prochaine fois :-)
Jay : Je ne connais pas le manga dont tu parles (je n'en lis pas). Je vais aller voir.
Linou : Oui, ça fait du bien un boulot. Et j'ai la chance inouïe de travailler dans une équipe très sympa.
Pas encore de CDI, mais je m'offre déjà plein de petits (et gros) plaisirs (ça fait du bien après une période de vaches maigres...).
Artsakountala : Oui, mais j'adore avoir des compliments, en fait :->
Miss Trop : Bienvenue alors ! J'espère que tu te sentiras bien ici.
Tit' : Bon, je me suis un peu calmée sur le Lafayette Gourmet, mais le quartier est vraiment chouette !
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