mardi 22 mai 2007
Comment je suis passée de "Placid et Muzo" à Henri Calet
En apparence, personne ne m'a demandé de répondre à ce questionnaire.
Mais comme je me sens un peu lectrice de gauche (certes de la "gauche en plastique" selon mon poulet, mais de gauche quand même...), et que je figurais au départ sur la liste d'une fille qui n'a finalement pas osé me demander parce que j'avais écrit ça, l'envie me titille quand même... Car j'entretiens un rapport passionnel avec les livres... Je suis autant fascinée par les histoires qu'ils recèlent que par l'objet en soi. Par extension, tout ce qui est lié à l'écriture, à l'élaboration des livres m'attire également : les cahiers et les carnets, les (antiques) machines à écrire (et leurs tac tac tac), les stylos et les crayons...
Les quatre livres de mon enfance
Tout comme Grand Chef, je n'ai pas grandi dans un environnement très stimulant du point de vue littéraire. Il n'y avait pas de livres à la maison. C'est donc à la bibliothèque municipale et chez le marchand de journaux que j'ai fait mes premières découvertes.
Sept histoires de souris, d'Arnold Lobel
C'est un papa souris qui met ses petits au lit et qui leur raconte à chacun une histoire pour qu'ils s'endorment. En réalité, j'étais surtout fascinée par les illustrations d'Arnold Lobel (je retiens surtout l'image d'une petite souris qui va rendre visite à sa grand-mère et qui chausse à un moment donné des patins à roulettes), qui est également l'auteur de Porculus et du Magicien des couleurs (entre autres).
Le jour où j'ai retrouvé ce livre à la Fnac, il y a quelques années (par hasard, puisque je n'avais pas les références), j'étais hystérique ! C'était comme retrouver un bout de mon enfance...
Jean de la Lune et Les trois brigands, de Tomi Ungerer
Je triche, mais les deux sont indissociables pour moi. J'aimais beaucoup l'univers visuel de ses livres. Et j'aime toujours, puisque je me les suis achetés il n'y a pas si longtemps.
Placid et Muzo (poche)
Nous l'achetions chez le marchand de journaux en même temps que Pif poche (couverture rouge), mais j'ai toujours préféré Placid et Muzo (couverture bleue). Sans doute parce que le personnage de Placid, qui ne pensait qu'à manger, m'amusait beaucoup.
Mais comme je l'ai dit à Grand Chef, j'ai également beaucoup lu les Mickey Parade, Picsou Magazine, Mickey Poche, et autres Picsou Géant.
J'aime lire
La toute première revue à laquelle j'ai été abonnée. Je me souviens de l'excitation avec laquelle je guettais l'arrivée du facteur une fois par mois...
Je me suis délectée pendant plusieurs années de ces histoires, ainsi que des Tom-Tom et Nana qui clôturaient le numéro, et que je relisais en attendant le volume suivant...
Les quatre écrivains que je lirai et relirai encore et toujours
Henri Calet
Pour la sensibilité et la beauté du style, pour l'ironie et l'apparente futilité, pour l'élégance des titres (Le croquant indiscret, La belle lurette, L'Italie à la paresseuse, Les grandes largeurs, Le tout sur le tout...). Parce que j'aurais aimé avoir sa plume.
Par le plus grand des hasards, j'habite dans un quartier qu'il connaissait bien, puisqu'il y a habité aussi. Quand je flâne, j'aime à penser qu'il arpentait les mêmes rues quelque soixante ans plus tôt. Quand je passe devant le Rendez-vous des camionneurs (qui vient de changer d'enseigne) dans la rue des Plantes, je me demande toujours si c'est bien le Rendez-vous qu'il évoque dans ses écrits...
Ingeborg Bachmann
Une Autrichienne, amie de Paul Celan, dont je connais surtout l'oeuvre poétique. Une oeuvre mélancolique et désespérée, mais si belle. Ses mots ont le don d'apaiser mes tourments.
Arto Paasilinna
Pour La cavale du géomètre, La forêt des renards pendus, Prisonniers du Paradis, Le lièvre de Vatanen...
Pour ses histoires abracadabrantesques et ses personnages souvent imbibés d'alcool.
Je l'ai découvert en 2001, et j'ai tellement aimé ses livres que je suis partie en Finlande pour un mois la même année pour commencer à apprendre le finnois, dans le but de pouvoir lire (certes dans un avenir lointain...) tous ses autres livres non traduits. Cela n'a pas duré longtemps, mais je n'exclus pas de reprendre un jour mes cours de finnois là où je les ai laissés.
Paul Eluard
Pour sa Capitale de la douleur, notamment, qui a les mêmes vertus apaisantes et réconfortantes que les poèmes de Bachmann. Mais je pense aussi à Grain d'aile, un beau conte pour enfants qui a marqué mon enfance.
Les quatre auteurs que je n'achèterai ou n'emprunterai plus
Marguerite Duras
Plus jamais. Mon meilleur ami au lycée, fanatique de Duras, a réussi à me faire lire 11 de ses livres. Jusqu'à l'overdose. Depuis, je fais un rejet total. Deux exceptions tout de même : Emily L. et L'homme atlantique, magnifiquement écrits.
Amélie Nothomb
Sur les conseils d'une copine, j'avais lu Hygiène de l'assassin et Mercure. Je ne supporte pas son style, très "regarde comme j'écris bien".
Henri Troyat
Trop nunuche et (pire que tout) mal écrit. J'ai lu deux de ses livres (Viou en classe de 6ème, et Aliocha offert par une ancienne copine), et c'est déjà trop.
Honoré de Balzac
J'ai été obligée de lire Le père Goriot pour l'école. Autrement, je n'y arrive pas. Ses descriptions me barbent.
Les quatre bouquins que j'emporterais sur une île déserte
Je triche, parce qu'il m'est absolument impossible de me limiter à quatre livres (sinon, autant mourir tout de suite).
En plus des quatre auteurs dont je ne me lasserai jamais, il y aurait donc :
The Sonnets, de William Shakespeare
Là aussi, dans les moments d'abattement, c'est la poésie qui vient à mon secours. Et finalement, peu importe à qui ces sonnets étaient réellement adressés...
Le livre de l'intranquillité, de Fernando Pessoa
J'aime le ton de ce livre, qui me correspond bien... Et ce titre, quel titre...
tout Simone de Beauvoir
Des mémoires à la correspondance, en passant par La femme rompue. Tout.
tout Marguerite Yourcenar
J'ai été éblouie par les Mémoires d'Hadrien, lus (pour une partie) dans des circonstances tout à fait singulières : sur le ferry qui me ramenait de Tallinn à Helsinki (où j'avais pris mes quartiers pendant un mois, pour apprendre le finnois, donc), j'avais trouvé un fauteuil bien confortable pour bouquiner, dans ce que je croyais être un coin tranquille. Mais c'était sans compter la horde de beaufs finlandais qui, après une journée de beuverie en Estonie (où tout est moins cher, surtout l'alcool, qu'ils rapportent chez eux par dizaines de litres), étaient passablement éméchés et chantaient à tue-tête des morceaux de tango finlandais (un peu comme dans les films de Kaurismäki)... Car, en fait, je m'étais installée sans le savoir dans la salle de karaoké...
et tout Zola
Je suis loin d'avoir tout lu, mais j'ai un faible pour Au bonheur des dames et L'assommoir, qui sont sans doute mes tout premiers coups de coeur en littérature, au temps du collège.
Les quatre prochains livres que je vais lire
Dans le désordre :
La Divine Comédie, de Dante
Rien que le titre est magnifique. Un soir, en regardant la télé, je suis tombée sur une émission sur Arte qui parlait de La Divine Comédie, et j'ai été captivée, fascinée par la beauté du texte et la richesse de l'interprétation. En plus, j'aime bien le groupe de Neil Hannon, qui porte le même nom. Alors, rien que par curiosité...
The Plot Against America, de Philip Roth
Ou comment on peut réécrire l'histoire.
Le chant des regrets éternels, de Wang Anyi
Là aussi, c'est d'abord un coup de coeur pour le titre.
On Beauty, de Zadie Smith
Parce que j'ai adoré White Teeth. C'est autre chose qu'Amélie Nothomb...
Proust attendra encore un peu...
Les (quatre fois quatre) derniers mots d'un de mes livres préférés
Sans la moindre hésitation, ces mots bouleversants de Henri Calet (les derniers), écrits trois jours avant sa mort :
Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes.
Pour finir sur une note un peu plus gaie, et pour accompagner la lecture, je vous propose un muffin avec une tasse de Long Jing, mon thé préféré (ça ne se voit pas, mais c'est du thé vert).
(Requia, tu ne remarques rien ? ;-))
La recette demain, ou après-demain...
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18 commentaires:
J'ai pris plein de notes pour offrir à ma femme (elle lit beaucoup plus que moi), très instructif!
Je ne sais pas si tu connais Miossec (l'amour des quinze ans de ma femme, un gars imbibé comme les personnages d'Arto Paasilinna), mais sur son dernier album, il chante "ne me secoue surtout pas car je suis plein de larmes" (et c'est maintenant que je découvre que ce ne sont pas ses mots!
Quand même, quelle bonne idée, d'adorer un auteur au point de partir vivre un moment dans son pays!
Oui, je sais pour Miossec ! Et personne n'en a parlé, même pas lui. Cela dit, j'aime bien son dernier album. Mais il aurait pu citer Calet, quand même !
C'est la citation de Calet dont tu parles (et que chante Miossec) qui m'a fait connaître Jeunesses!
Wouah la collec de carnets, je suis jalouse!!!
Mais moi j'adore Marguerite Duras...
Je suis trop contente que ti aies pris les devants et braver ma propre timidité :-)))))
bon, là, je dois regarder Grey's anatomy (seule chose que je regarde à la télé) mais je reviendrai dévorer ce billet! tu parles! j'ai déjà noté deux ou trois choses mais je veux prendre le temps de tout lire!
Je suis très émue de voir que tu aimes le Livre de l'Intranquilité, un de mes livres de chevet. Un fétiche.
Savais-tu que le mot "intranquilité" avait été inventé spécialement pour traduire le titre (Livro do Desassosêgo) et qu'il figure désormais dans le dico...?
Robert Bréchon, qui a préfacé l'oeuvre en français éditée par Ch. Bourgois est un ami très cher. :-)
Je m'inviterais bien dans ta bibliotheque, je ne connais ni Paasilinna, ni Calet. Tu as bien fait de l'attrapper au passage ce questionnaire, je voudrais encore ne lire des reponses comme celle-ci.
Et lire Yourcenar dans un karaoke sur un bateau finlandais...quelque part je suis sure que ca l'aurait fait sourire.
Et flûte, je m'étais dit que je mettrais "Sept histoires de souris" en tête de mes livres d'enfance et j'ai oublié, étourdi que je suis ! Ces histoires de souris sont mon plus beau souvenir de lecture et je n'en ai pas parlé. Zut !
Henri Calet, connais pô. Ingeborg Bachmann, pas mieux. Tu m'interpèles...
Ah ! Arto Paasilinna, le drôle de bonhomme. Je n'ai lu que "Petit suicide" pour le moment, mais tous les autres sont sur ma liste d'attente.
Paul Eluard ! On fait copin-copine... de gauche ? :-)
Amélie Nothomb, pas fan non plus, j'avoue. Duras, pas lu. Troyat, pas mieux. Balzac, je te suis pas, j'aime assez et je le préfère à Zola, tiens !
Si on partait sur la meêm île, ça pourrait être sympa, on ferait des échanges, histoire d'avoir de quoi lire pendant longtemps... longtemps...
Et pis j'ai compté tes mots de Calet. On avait dit quat', pas neuf ! Certes, c'est très beau, mais t'abuses ;-)
Aller, je retourne boire une tasse de Pu Erh, que je dégusterais volontiers avec un de tes muffins...
Tu n'as pas lu Balzac trop tôt?
A Maloud : j'étais sans doute un peu jeune, mais j'ai réessayé quelques années plus tard et je n'ai toujours pas accroché. Ce n'est pas une question d'âge, mais de goût.
Splendide collection, je serais presque jalouse !!!! J'ai enfin trouvé une cahiers/carnets dans mon genre.
Joli sélection de livres également. Quelques points communs de plus.
Et mignon ce petit moule à muffin ;-)) tu l'as acheté où ??? lol
Ha oui : je suis aussi accro aux stylos de toutes sortes, des toutes les couleurs, etc. C'est une maladie ... ou un amour inconditionnel pour l'écriture alors que je passe 80% de mon temps à tapoter sur mon clavier ...
Merci à toi car en me fiant à la liste de tes bouquins préférés dans ton profil j'ai découvert A.Paasilinna et j'ai adoré "La cavale du géomètre" et "la forêt des renards pendus". Même jubilation qu'à la lecture de "la conjuration des imbéciles" de Kennedy Toole.
Sinon je passe ici de temps en temps et la bande-son de ton blog me réjouit toujours!
Bonne continuation.
A Tibouille : Oh là là ! Je suis hyper flattée par ton commentaire ! Moi qui me demande toujours ce que pensent les lecteurs qui ne laissent pas de commentaire, si je fais bien d'écrire telle ou telle chose, si je dois laisser la musique ou non...
Les deux livres de Paasilinna que tu cites sont aussi mes préférés. Et La conjuration des imbéciles est sur la liste d'attente.
Merci encore !
Coucou mingoumango !
Me voici atterrie chez toi grace au blog de Patoumi (Patoumi ayant bon gout, je me suis dit que ton "blog" devrait me plaire ; j'ai eu raison !).
Je parcours donc toutes tes archives, avec delectation.
Et la, je me DOIS de laisser un message puisque "L'Assommoir" est mon livre "prefere du monde entier". Je le relis par petits morceaux, de temps en temps, et j'ai meme souligne mes passages preferes : j'aime les odeurs (pas tres agreables...) qui s'en degagent, l'argot du vieux Paris, les illusions qui s'en vont...
Je t'embrasse et m'en vais continuer ma lecture.
Grosses bises et tres bon week-end a toi !
PS : Et moi aussi, j'adore les livres et la papeterie ; je pourrais acheter des livres rien que pour leur couverture...!
S'il ne fallait qu'en lire un, quel livre de Calet ce serait ?
je découvre votre blog... je n'ai pas encore fait le tour mais je suis déjà ravie... et j'ai faim !
je me permets de vous suggérer cette lecture : Mangez-moi d'Agnès Desarthe...
Je viens de découvrir ton blog. Cuisine et lecture, la vraie vie, celle qu'on fait passer pour du "loisir" ! Ai été bouleversée par "Ne me secouez pas..." et vais aussitôt le lire en mangeant pour ne pas pleurer, encore que je puisse pleurer la bouche pleine, cela donne une petit goût de sel. Hommage !
Artsakountala : Question très difficile. C'est un choix impossible pour moi...
Anonyme : Merci pour votre conseil de lecture.
Chouchane : Merci. Les mots d'Henri Calet sont d'une beauté renversante.
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