Longtemps j'ai trouvé cool de passer des week-ends en solo, quand mon poulet retournait dans sa Lorraine natale pour voir son Jack et sa Mimi.
Ca voulait dire que j'allais être libre et tranquille pendant trois jours. Libre de laisser s'accumuler le bazar, la vaisselle ; libre de vider un paquet de chips pour tout repas et de regarder n'importe quoi à la télé ; libre de me coucher à pas d'heure, et ce sans recevoir de remarque désobligeante. Je me disais qu'une petite dose de chaos et d'anarchie de temps à autre ne pouvait pas faire de mal.
Et puis, je continuais à vivre ma vie pendant sa courte absence.
Mais aujourd'hui, je dois me rendre à l'évidence : je ne sais plus vivre seule. Je l'ai su dans une vie antérieure ; mais là, je ne sais plus. J'ai perdu le mode d'emploi.
Je me demande comment font certaines pour occuper leur temps intelligemment lorsqu'elles se retrouvent seules pour plusieurs jours. C'est un grand mystère pour moi, car tout ce que j'arrive à faire, c'est de passer mes journées et/ou soirées en position allongée sur le canapé du salon (parfois aussi en position semi-allongée, voire carrément assise, car je sais aussi me tenir, même en présence de personne).
Bon, je fais quelques trucs quand même. Par exemple, hier soir, j'ai renversé une boîte de sablés M&A aux éclats de chocolat et de nougatine (aussi tentateurs que ceux au sucre caramélisé) sur le canapé. Ben j'ai été obligée de sortir l'aspirateur (j'ai songé un instant à aspirer les miettes avec la bouche, mais je me suis dit que ce n'était peut-être pas très hygiénique). Du coup, j'ai passé l'aspirateur dans tout l'appart, tant qu'à faire (oui, je m'épate, parfois).
Et puis, ce matin, j'ai enfourché mon vélo pour aller à la piscine. Le dimanche matin, dévaler la rue Vigée Lebrun - Volontaires (déserte) à toute berzingue, quel pied ! Une fois arrivée, j'ai nagé... en position allongée (on ne se refait pas).
Le reste du temps se résume à une unité de lieu (canapé) et d'action (contemplation du plafond). Un peu comme dans le théâtre classique, si on veut (le texte en moins).
Heureusement, il y a les repas, qui obligent à se lever (et qui permettent d'éviter les escarres). Et vendredi, je me suis fait plaisir : j'ai acheté du thon rouge. Je l'ai mangé à peine saisi, et accompagné de soba, et ce fut un délice. Mais si vous voulez mon avis, c'est un plat qui se partage avec celui (ou celle) qu'on aime. Et s'il apprend que je mange du thon rouge en son absence, ça va le faire revenir illico (je sais, je suis diabolique).
Thon rouge mi-cuit au sésame et soba (inspiré de cette recette d'Eva, mais aussi un peu de celle-là )
pour 2 amoureux qui se retrouvent
1 pavé de thon rouge ultra frais (environ 250 g)
du sésame blond
150 g de nouilles soba (nouilles japonaises au sarrasin)
1 tige de ciboule, émincée
Pour la marinade :
3 c.s. de sauce soja
1 c.s. de marinade Teriyaki
3 c.s. de sirop d'érable
1 c.s. de mirin
jus d'un citron vert
1 gousse d'ail pressée
Dans une assiette creuse, mélanger les ingrédients pour la marinade.
Y faire mariner le pavé de thon coupé en deux dans la longueur, en le retournant de temps en temps.
Verser la marinade dans une petite casserole et la faire réduire jusqu'à ce qu'elle atteigne une consistance sirupeuse.
Pendant ce temps, cuire les soba (3-4 minutes dans de l'eau bouillante), les égoutter et les rincer.
Tremper les morceaux de thon dans la sauce réduite puis dans du sésame.
Les saisir sur chaque face dans une poêle à feu vif, le temps de griller le sésame (attention, ça va très vite). L'intérieur doit rester cru.
Découper le thon en tranches et rincer de nouveau les soba (pour les décoller).
Servir le tout arrosé de sauce, et parsemé de ciboule.
Si vous aimez les soba, allez jeter un coup d'oeil par là.
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Botacook, je ne sais pas si tu trouveras exactement six défauts ci-dessus, mais je crois qu'il y en a déjà une bonne collection.
