dimanche 25 avril 2010

Je rêve d'un printemps définitif (salade de poulet au yuzu kosho)



Un vendredi soir, chez Momoka (oui, encore). J'avais envie de faire découvrir à D. la cuisine raffinée et inspirée de Masayo Hashimoto. Comme elle venait de finir le premier jet de sa thèse (!!!), il y avait de quoi fêter. Et ce fut un repas de fête, tant au niveau des saveurs (la daurade crue accompagnée de suprêmes de pamplemousse nous a éblouies, mais le saumon, fondant à souhait, ou la farandole de légumes tiennent également leurs promesses ; même le petit bol de riz, parfaitement cuit et assaisonné, et surmonté d'une rondelle de racine de lotus frite, est dément !) que de l'humeur euphorique du moment. Quel plaisir de voir que toutes ces heures de soutien psychologique ont porté leurs fruits (amis thésards, ne vous découragez jamais !).

Quelques jours plus tard, j'ai quitté le bureau un peu plus tôt que d'habitude pour ma pause déjeuner. J'ai cavalé pour aller rejoindre deux amies avec lesquelles je partage en ce moment cette obsession pour les niu rou mian (牛肉面 soupe de nouilles au boeuf). C'est donc tout naturellement aux Pâtes Vivantes que je les ai retrouvées. Un moment bien trop court, où papoter tout en slurpant proprement ses nouilles (interminables) s'est avéré acrobatique*. Je ne vous révélerai rien de la discussion, ni de l'échange de denrées exotiques qui eut lieu lors de ce repas, mais sachez que le bol de soupe de nouilles pimentée au boeuf (红汤牛肉辣面 hong tang niu rou la mian) y est fabuleux : des nouilles maison épaisses et chewy, un bouillon incroyablement parfumé et savoureux, des ingrédients dosés avec justesse. Tellement bon que j'y ai repensé toute la semaine (et que j'y ai emmené mon poulet quatre jours plus tard).



Ne pas s'en faire.
C'est ce que j'ai appris ces dernières semaines. Les événements, un jour défavorables, peuvent prendre une tournure positive le lendemain (et inversement). Alors, je reste raisonnablement confiante. Pour le moment, il reste tant de choses à découvrir et à apprendre encore...
Pour tout vous dire, les vraies difficultés sont ailleurs : diversifier un peu les gâteaux pour le tea time, trouver une date qui convienne à tout le monde pour faire une pause déjeuner tout canard (allons-nous être obligés d'organiser un doodle pour cela ?).
Pour le reste, j'aime les échanges d'adresses gourmandes et de commentaires gastronomiques avec M., les discussions avec le développeur de l'Internet, notamment quand il partage ses coups de coeur vidéo (voyez ce petit bijou - avec le son ! -, un film magnifiquement réalisé et d'une poésie extraordinaire) et quand il raconte comment le cousin de son papa, qui habite juste au-dessus d'une célèbre plage de Nouvelle-Zélande, prêta ses toilettes à Holly Hunter et à l'équipe lors du tournage de La leçon de piano (quel rapport avec la vidéo d'Alex Roman ? Cherchez bien).

Pour finir, quelques images d'un samedi lumineux, où je me serais PRESQUE crue au Japon le temps d'une balade** (pour en savoir plus, cliquer sur les photos).




















C'est mon tonton breton qui m'a appris - par téléphone - à faire un poulet rôti. Mais je n'ai pas le droit de divulguer sa recette, et de toute façon, ça n'intéresserait pas grand monde : je suppose que chacun a déjà la sienne, de recette.
Ce que je préfère dans le poulet rôti, je crois, ce sont les roast potatoes crousti-fondantes qui l'accompagnent, le jus, qui va divinement bien avec les coquillettes, et les restes, qui font de fabuleux sandwiches et salades.

Salade de poulet au yuzu kosho (d'après She who eats)



C'est très simple. Il vous faut des restes de poulet rôti, de l'oignon rouge finement émincé, de la salade verte (mizuna, mâche, batavia, ou autre), des noix de cajou concassées, et ce que vous voulez.
Pour la sauce, mélangez 1 c.c. de yuzu kosho, le jus d'un demi citron, 2 c.s. d'huile d'olive, salez et poivrez. N'oubliez pas - comme moi, par exemple - que le yuzu kosho contient du piment, alors allez-y mollo au début : vous pourrez toujours en rajouter un peu s'il n'y en a pas assez.

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* Ma technique : cuillère dans la main gauche, baguettes dans la main droite (l'inverse pour les gauchers). Saisir une ou deux nouilles qu'on soulève et qu'on dépose dans la cuillère. Si les nouilles sont trop longues, couper ce qui dépasse en serrant très fort du bout des baguettes (geste requérant de la pratique, je le reconnais). Plonger la cuillère dans le bouillon en faisant attention à ne pas perdre les nouilles. Ajouter avec les baguettes une lamelle de viande, quelques herbes. Ouvrir grand la bouche et déguster.

** Merci Caroline.

mardi 6 avril 2010

Face à l'étendue de ma peine (la lubie des brownies et des madeleines)



Un soir de la mi-mars, en rentrant du travail, je suis tombée sur le bal des oiseaux à côté de la BN. Alors que j'attendais mon bus, les oiseaux virevoltaient dans un ciel crépusculaire teinté de rose. La dernière fois que je les avais vus, c'était dans une autre vie...
J'ai réalisé à quel point cela m'avait manqué.

Un autre soir, j'ai suivi les premiers émois amoureux d'une jeune Anglaise au tout début des années 1960. Lui est beaucoup plus âgé qu'elle et lui fait découvrir une vie de strass et de paillettes - dîners et soirées chics, belles toilettes, concerts, escapade de rêve à Paris - qui l'émerveille et l'attire irrésistiblement. Comment ne pas céder à son charme ? Comment résister à l'envie de tout plaquer pour lui ?
J'aurais du mal à vous dire à quel point cette histoire m'a remué la tête. Mais j'ai trouvé la conclusion salutaire, surtout par les temps qui courent.

Côté musique, j'ai momentanément délaissé Benjamin Biolay pour une jeune diva pop galloise dont une chanson m'obsède et défile sans cesse sur mon baladeur (dès qu'elle se termine, je la remets au début, inlassablement). Rien de tel pour garder un peu de bonne humeur quand on voit ses rêves s'éloigner de plus en plus...

Au bureau se succèdent les tea times et leurs grilles de mots fléchés (nous progressons !), les ping-pongs verbaux à travers l'open space, les échanges électroniques d'adresses gourmandes, les parties de rigolade - un jour, j'ai déniché deux épisodes d'une sitcom un peu débile des années 90 où notre patron, jeune étudiant à l'époque, avait fait une apparition : le visionnage fut un grand moment de poilade -, les lancers intempestifs de peluches, les expérimentations en tous genres (survol de l'open space par un hélicoptère miniature, bricolage d'un dispositif pour mesurer l'intensité de la clim, essais photo). Pas de place pour le cafard.
Je profite d'une équipe de cobayes plus que volontaires, pour me perfectionner en brownies et en madeleines (alors qu'un poulet me réclame du cheesecake avec de plus en plus d'insistance). J'ai donc fini par trouver la recette de brownies qui me convient parfaitement : denses, fondants, forts en chocolat mais doux quand même, et surtout pas secs...

Les brownies exactement comme je les aime (inspirés des brownies de Claire)



pour un moule rectangulaire de 20 x 30 cm

200 g de chocolat noir
100 g de chocolat au lait (50 g)
150 g de beurre salé (120 g)
3 oeufs
130 g de cassonade (ici : 100 g de cassonade + 30 g de sucre demerara) (120 g)
2 c.c. d'extrait de vanille liquide
80 g de farine

Préchauffer le four à 180 °C.
Faire fondre les chocolats et le beurre.
Mélanger les œufs et le sucre, ajouter l'extrait de vanille.
Ajouter la farine, puis le chocolat fondu.
Verser dans un moule et enfourner 17-18 minutes a 180 °C.
Laisser refroidir, mettre au frais pendant plusieurs heures (toute une nuit si on veut) avant de découper en petits carrés, et attendre qu'ils soient à température ambiante pour les déguster.




Quant aux madeleines, après moults tests plus ou moins réussis, j'ai choisi la recette de Kriskou comme recette de base : c'est celle qui a donné le meilleur résultat. La seule modification que je me suis autorisée, c'est la substitution du miel - qui donne un goût trop fort pour moi - par du sirop d'agave.
J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour obtenir de belles bosses, mais quand elles sont apparues pour la première fois, j'ai ressenti la même joie qu'en voyant se former la collerette des macarons.
Merci Kriskou !

Madeleines (recette de base, d'après celle de Kriskou)



pour 25 à 30 madeleines

160 g de beurre (salé)
2 oeufs
60 g de sucre blond de canne
160 g de farine
1 sachet de levure
30 g de sirop d'agave (ou 25 g de miel)
5 cl de lait
2 c.c. d'extrait de vanille liquide

Pour des madeleines au citron :
remplacer la vanille par le zeste et le jus d'1/2 citron

Pour des madeleines au matcha :
remplacer la vanille par 1 c.c. de matcha (thé vert japonais en poudre)

Faire fondre le beurre et laisser tiédir (Kriskou conseille de laisser cuire un peu le beurre puis de le filtrer, ce que je n'ai pas fait).
Blanchir les oeufs et le sucre, puis ajouter la farine et la levure tamisées.
Ajouter le sirop d'agave (ou le miel) dilué dans le lait, puis le beurre tiédi et l'extrait de vanille.
On obtient alors une pâte très lisse et onctueuse.
Laisser au frais 2 à 6 heures.

Préchauffer le four à 230 °C. Remplir des empreintes à madeleines en silicone. Comme le dit Kriskou, c'est l'étape la plus délicate. Selon la forme, la largeur, la profondeur des empreintes et leur degré de remplissage, le résultat ne sera pas le même. Mes empreintes doivent être remplies aux 2/3 seulement, sinon la bosse s'effondre et se transforme en une coulée de lave. Il faut plusieurs fournées tests pour savoir à quoi s'en tenir avec son propre matériel, c'est normal.
Enfourner 6 minutes à 230 °C, puis laisser 3 minutes à four éteint. La pâte contenue dans la bosse ne doit plus paraître liquide.



Ces madeleines ont eu l'approbation de Claire, que vous commencez à connaître maintenant...