dimanche 31 janvier 2010

Le coca chaud et la soupe violette (travail 1 - Mingou 0)



Le travail, c'est super. Il me semble que je vous l'ai déjà dit. Mais j'avais oublié une chose : le travail et moi ne sommes pas très copains à l'origine. J'ai voulu jouer les femmes actives genre épanouies et sportives (un matin, j'ai tenté la piscine à l'ouverture, comme avant, et j'ai enchaîné avec le boulot) et tout et tout, mais ce n'était pas moi.
Moi, je suis faite pour cocooner, lire sous la couette, faire des gâteaux au chocolat et prendre des goûters dans de mignons salons de thé.
Alors, forcément, mon corps n'a pas tenu le choc.

Il a fallu garder le lit pendant un week-end entier et rester deux jours supplémentaires à la maison. Et boire du coca chaud au gingembre, pour faire du bien au ventre, alors que je rêvais de raclette, de tonkatsu, de gâteau au chocolat, de carrot cake, de cordons-bleus (c'est la faute de Mademoiselle K., qui m'a tenu compagnie pendant ces quelques jours), et de tant d'autres choses.



Le coca, il faut le faire chauffer avec du gingembre, et le touiller pour faire partir les bulles.

Le pire, c'est que malgré ces quatre jours d'agonie et de privations, JE N'AI PAS PERDU UN SEUL KILO. LA VIE EST TROP INJUSTE.

Depuis, la routine a repris son cours. Tantôt Romy Madley Croft, tantôt Natasha Khan m'accompagnent dans mes trajets quotidiens. Benjamin B. s'y invite de moins en moins (il est trop associé à cette période de bonheur parfait d'avant Noël), mais nous aurons bientôt la chance d'aller le voir et l'écouter en vrai.
Bientôt, j'aurai aussi la chance d'aller rendre visite à une fille qui, entre autres choses, a de la moquette dans sa cuisine. Comme quoi, personne n'est parfait, même pas elle.
Sinon, je fais des soupes violettes en ce moment, qui me feraient presque passer pour Bridget Jones, sauf que, comme vous le devinez, je ne suis pas blonde.

Potée aux carottes multicolores et aux diots fumés de Savoie



Vous prenez des carottes multicolores (orange, si vous voulez une potée normale), des pommes de terre, un poireau, un demi-chou frisé, vous coupez tout en petits morceaux et vous mettez tout dans une marmite.
Recouvrez d'eau. Ajoutez-y quatre diots fumés de Savoie - ou des saucisses de Montbéliard, c'est bien aussi -, une tablette de bouillon de légumes bio, quelques feuilles de laurier, du sel et du poivre, portez à ébullition, et laissez cuire entre 30 et 45 minutes à couvert et à feu moyen.

Le bouillon devient tout violet, mais pas d'inquiétude, la potée a un goût tout à fait normal.



C'est le genre de plat qu'on peut préparer à l'avance et réchauffer le soir en rentrant du travail (c'est même meilleur réchauffé). Ca se congèle très bien aussi (dans ce cas, je préfère retirer les saucisses).

mercredi 20 janvier 2010

Des boulettes



La semaine dernière, j'ai eu envie d'osso buco.
La meilleure idée du siècle (si vous êtes à la recherche d'idées géniales, appelez-moi), c'est de démarrer la recette à J-2 au soir, de couper tous les légumes en minuscules morceaux et de mettre le tout au frais pour la nuit. Le lendemain matin (J-1 donc), j'ouvre le réfrigérateur et l'odeur puissante d'oignon me saisit : impossible de laisser ça une minute de plus au frigo. C'est ainsi qu'entre le shampooing du matin et un petit déjeuner express, je me lance dans une opération retour de petits légumes dans une grande poêle, et après cela, n'ayant plus le temps d'une douche (n'allez pas croire que je ne me lave pas, je suis plutôt partisane de la douche du soir, qui me paraît beaucoup plus logique) ni d'un second shampooing, je pars au travail nimbée d'un persistant parfum d'oignon (pensez-vous que ce soit une raison suffisante pour se mettre en arrêt maladie ?).
Ce jour-là, j'ai prié très fort pour que le patron ne vienne pas me faire la bise comme tous les matins (les rares filles de la boîte ont cette chance).
Et je vous le donne en mille : il EST VENU ME FAIRE LA BISE.
S'il n'était pas enrhumé ce jour-là, il est fort possible que j'aie anéanti toutes mes chances de voir mon CDD prolongé.

Ce même jour, au tea time, il y eut une galette des rois, gentiment offerte par un des membres du groupe. Une fois la galette terminée et le roi couronné, nous nous sommes mis à faire les mots fléchés du journal gratuit. Le remplissage intégral de la grille dura vingt bonnes minutes et nécessita le recours de cinq cerveaux bac +5 (c'est une moyenne). Le soir même, dans le métro, la jeune femme assise à ma gauche remplit quasiment la grille à elle seule entre Saint-Lazare et Bibliothèque (comprendre : en quinze minutes à peine).

Le lendemain, il y eut de nouveau des galettes des rois, mais offertes par le patron cette fois.

Et puis au retour du week-end, ce fut mon tour d'en apporter une.

Mais nous ne passons pas notre vie à organiser des goûters. Il y a aussi les batailles de peluches (sur le bureau de mon voisin, le développeur de l'Internet, il y a un lion déguisé en tigre), les tournages vidéo de feuilles de thé tourbillonnant dans la théière ou de spots avec travelling avant comme sur Arte.
Et puis, quand on s'ennuie, on se lance dans un truc fou qui s'appelle le travail.

Alors bon, même si le réveil matinal est toujours aussi douloureux, les trajets quotidiens semblables à du transport de bétail, les coups de barre de l'après-midi des moments de solitude et de détresse, même si je peine encore à déchiffrer les lignes de commandes, et que je rêve souvent de partir en vadrouille en pleine journée, je suis heureuse de travailler (ciel ! si on m'avait dit que moi, la paresse incarnée, je ferais ce genre de déclaration un jour...).

Vous comprendrez qu'avec tous ces goûters, je n'aie pas trop faim le soir... Mais je rêve souvent à des boulettes têtes de lion comme celles de papa Mango, les meilleures boulettes de la terre car les plus tendres qui soient... La recette figure dans mes tablettes depuis des mois, mais je n'ose pas me lancer, à cause du bain de friture...

Shi zi tou (boulettes "tête de lion") de papa Mango, réalisées par lui-même
(recette authentique de chez nous)



pour une grosse marmite

Pour les boulettes :
1,3 kg de poitrine de porc hachée
6 tiges de ciboule
65 g (environ) de gingembre (= équivalent d'une petite pomme de terre) épluché
200 g de châtaignes d'eau (surgelées, c'est très bien)
6-7 c.s. de vin de riz (Shao Hsing Hua Tiao Chiew)
75 cl d'eau
1 c.c. de poivre gris
1 c.s. de sel
1 c.s. de sauce soja foncée
1 c.s. de fécule de pomme de terre
un bain de friture

Pour enrober les boulettes :
4 c.s. de fécule de pomme de terre
de l'eau

Pour la sauce :
2 tiges de ciboule
un morceau de gingembre (de la taille d'une petite pomme de terre)
3 c.s. de sauce soja foncée
3 c.s. de sauce soja claire (Kikkoman, par exemple)
3 c.s. de sucre en poudre
de l'eau

3 choux chinois (mandarin : bai cai/cantonais : bak choi, pak choi)


Commencer par la viande
Si les châtaignes d'eau sont surgelées, les tremper dans de l'eau tiède quelques minutes.
Hacher la ciboule et le gingembre.
Egoutter les châtaignes d'eau. Avec le plat d'un hachoir, les écraser d'un geste ferme, puis les hacher.
Dans un grand saladier, mélanger la viande hachée, la ciboule, le gingembre. Saler, poivrer.
Ajouter l'eau et mélanger énergiquement à la main, en tournant toujours dans le même sens.
Ajouter la sauce soja foncée et le vin de riz et mélanger.

Ensuite, s'occuper de la sauce
Chauffer un peu d'huile dans un faitout.
Y déposer les tiges de ciboule et le gingembre (non épluché) écrasé au hachoir. Laisser frire quelques minutes.
Ajouter environ 3 cm d'eau.
Ajouter les sauces soja et le sucre, et laisser cuire à feu moyen.

Confectionner les boulettes
Ajouter 1 c.s. de fécule à la viande, mélanger.
Préparer un bain de friture dans une sauteuse.
Diluer les 4 autres c.s. de fécule dans un peu d'eau.
Avec les mains, façonner de grosses boulettes de viande (de la taille d'un citron), les enrober du mélanger eau-fécule et les plonger dans le bain de friture.
Lorsque les boulettes sont bien dorées, les transférer dans la sauce. Procéder de même jusqu'à épuisement des boulettes.
Goûter la sauce et ajouter de l'eau si elle est trop salée.
Couvrir et laisser mijoter à feu doux au moins 1 heure.

1 heure avant de servir : incorporer le chou
Laver le chou et le couper grossièrement.
Le faire revenir dans un peu d'huile.
Recouvrir les boulettes avec et arroser de sauce.
Couvrir et laisser cuire 1 heure (ou plus).

Déguster avec du riz blanc, forcément.

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Au fait, l'osso buco fut un vrai délice. C'est déjà ça.

dimanche 10 janvier 2010

La nouvelle vie et les poires qui font du bien



Lundi matin, je suis partie au travail avec dans ma besace : ma trousse (ça fait un peu écolier, mais je préfère écrire avec mes propres stylos), mon dictionnaire hiéroglyphes-français, mon vieux moleskine de linguistique (qui moisissait dans un tiroir) et mes cours d'expressions régulières, mon mug Trzesniewski (inutilisé jusqu'à lors), deux boîtes de thé (sencha et Kusmi), une boîte de chocolate dipped butter shortbreads (super bons !). J'ai même emporté mon iPod, au cas où une isolation sonore s'avérerait nécessaire (pratique autorisée et largement répandue - d'ailleurs, il faut que je me constitue une réserve de musique classique).

Et j'ai découvert ça : le tourbillon humain à Saint-Lazare, le petit creux de 10h le premier jour, les paupières lourdes à 14h tous les jours, la fringale de 15h, les habitudes à prendre, les noms et fonctions des collègues à retenir, la montagne d'informations à assimiler, l'angoisse de mal faire/ne rien comprendre/ne pas être à la hauteur, l'impression d'être insignifiante... Et puis la nostalgie des journées oisives, des vagabondages diurnes, et de tant de choses encore (attention, je ne me plains pas, je suis juste nostalgique...).

Heureusement, l'équipe à laquelle j'appartiens est composée de personnes sensées qui considèrent le goûter comme un moment essentiel de la journée. La pause de 16h est donc un rituel sacré auquel on ne saurait déroger sous aucun prétexte. Vendredi, c'était autour d'une galette des rois délicieuse et d'une théière de thé Kusmi (mes collègues sont amateurs de thé Kusmi, ce qui est plutôt bon signe - il y a certes mieux que Kusmi, mais il y a surtout pire).
M'est avis que je vais pouvoir dégainer mes cookies dans pas longtemps.

Mais quand même, j'aime bien le travail parce qu'il autorise à se faire plaisir comme on veut après, profiter pleinement du week-end (un mot qui n'a plus vraiment de sens quand on est au chômage), s'offrir un beau manteau et de chouettes petites robes, aller déjeuner chez Mamie Gâteaux le samedi (mais tôt, sinon il faut faire la queue, comme dans tous les successful places), bref, faire chauffer sa Carte Bleue avec désinvolture.
En plus, j'ai découvert une merveilleuse boulangerie pas trop loin du bureau (et je ne parle même pas du Lafayette Gourmet).

En cette période hivernale (c'est génial, cette neige et ces températures glaciales, vous ne trouvez pas ? :-)) propice aux choses gratinées/rôties/frites, maman Mango dit qu'il est bon de combattre le "yit hei" 热气 (cantonais) avec des poires chinoises cuites au bain-marie, en plus de ses soupes magiques.

Poires chinoises au sucre de canne (au bain-marie)



pour 2 personnes

2 poires chinoises (ça ressemble à ça)
quelques morceaux de sucre de canne en cristaux (bing tang - photo ici)

Couper le haut de chaque poire horizontalement de façon à obtenir un chapeau.
Evider un peu les poires, remplir la cavité avec un ou plusieurs morceaux de sucre de canne.
Placer les poires debout dans des petits ramequins.
Remettre les chapeaux en place, puis placer les ramequins au bain-marie pendant une demi-heure environ, le temps que les poires cuisent et deviennent tendres.
Déguster chaud, avec une petite cuillère, en prenant soin de garder le sirop à l'intérieur de la poire.

N.B. : Selon une superstition chinoise (cantonaise surtout), une poire ne se partage JAMAIS à deux. A trois ou quatre, oui, mais jamais à deux (parce qu'en cantonais, "partager une poire" est phonétiquement proche de "divorcer").
Je reconnais l'ineptie de la chose, mais j'ai tellement intégré cet interdit maternel depuis toujours que je suis incapable de partager une poire avec quelqu'un, et encore moins avec mon poulet.

(Message personnel : désolée pour ce retard...)

dimanche 3 janvier 2010

Le moment est venu de descendre de mon nuage (lait de soja maison)



2010 commence de façon tout à fait dramatique : nous sommes le 3 janvier, et après deux réveillons et moults excès oraux, il n'y a rien à faire, j'ai ENCORE ENVIE DE FOIE GRAS. Heureusement, je suis lucide et clairvoyante, ce qui m'a évité de prendre de bonnes résolutions, et donc de les anéantir juste deux jours après.
Je disais donc : pas de bonnes résolutions, parce que de toute façon j'ai une foule de défis à relever dès demain : réussir à me lever avant 10h du matin, ne plus passer des journées entières sur les blogs de cuisine, faire mes courses le soir après le travail et non plus à deux heures de l'après-midi, faire le deuil de la sieste et du goûter (et aussi du petit déjeuner bis au Roi du Café ou au Luco après la piscine), trouver l'énergie de cuisiner après une journée passée à déchiffrer des hiéroglyphes... Bouhouhou...
La thèse, ça vous rend totalement inadapté au monde du travail, et ce de façon irréversible. Alors si, comme moi, vous enchaînez thèse et chômage, eh bien bon courage pour la réinsertion.
Un peu de réconfort serait le bienvenu en ces temps difficiles, mais le sucré ne m'attire guère en ce moment : mes envies se dirigeraient plutôt vers des toasts de foie gras (mais je me répète), des Kettle Chips au poivre noir ou des Potatischips gräddfil & lök, des frites dorées et dodues, du tonkatsu, de la blanquette de veau, de la fondue savoyarde...
Mais le réconfort, ce n'est pas toujours calorique : c'est aussi la lecture de textes infiniment drôles agrémentés de dessins et de scans géniaux (mon modèle stylistique absolu, avec ce blog-là bien entendu), la déclaration de Parkin à Constance Chatterley dans une scène bouleversante, un sushi fraise dédicacé et arrivé par la poste (merci Claire !), et une réussite personnelle, la dernière de 2009 : le lait de soja maison, dont je rêvais nuit et jour depuis que la machine de maman Mango avait rendu l'âme.... Ca y est, je peux enfin couper le cordon.

Lait de soja (recette provenant de , merci Anne !)



250 g de fèves de soja jaunes
0,5 + 1,5 l d'eau (filtrée)
(c'est tout !)

Faire tremper les fèves dans de l'eau froide pendant 24 heures. Pendant cette période, rincer les fèves et changer l'eau à deux reprises.
Au terme de la phase de trempage, égoutter les fèves.
Ajouter 1/2 litre d'eau et mixer (avec un mixeur plongeant, ça marche très bien).
Verser dans une très grande casserole, ajouter 1,5 litre d'eau, et porter à ébullition (attention que le lait ne déborde pas) tout en remuant régulièrement avec une cuillère en bois pour éviter que le mélange ne brûle au fond de la casserole.
Baisser immédiatement le feu, et laisser cuire à feu doux pendant 30 minutes en maintenant le lait à 70 °C (plus ou moins), et en continuant de remuer.
Filtrer le mélange. On obtient environ 1,6 litre de lait de soja.
Boire chaud ou froid, avec un peu de sucre si on veut (moi, je sucre avec du sirop de canne : réglée, la question du sucre qui ne fond pas).

Le lait obtenu se conserve maximum 2 jours au frais, et il n'a rien à voir avec les laits de soja du commerce (même les bio), mais est-il besoin de le préciser ?
Le résidu, appelé okara, peut être utilisé recyclé en galettes/burgers, biscuits moelleux, pains d'épices, ou entrer dans la composition de soupes. Je n'ai testé aucune de ces recettes, mais si je refais régulièrement du lait de soja, il faudra que je me penche sérieusement sur la question de l'utilisation de l'okara.

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Il est temps pour moi de vous laisser, car il faut encore que je révise un peu mes hiéroglyphes et mes cours de licence-maîtrise (d'il y a dix ans déjà !), et que je choisisse mon mug et mon thé pour le bureau et ça, c'est super important.

Et encore une fois, excellente année 2010 à tous ! Don't worry, be happy!